SYMPHONIE POUR UN MASSACRE (VERSION RESTAURÉE)

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Après le Gigolo et Rififi à Tokyo, Symphonie pour un massacre est le troisième film de Jacques Deray (34 ans), ancien assistant de Gilles Grangier et futur réalisateur de La Piscine et de Borsalino. 

Sorti en août 1963, il est adapté du roman d’Alain Reynaud-Fourton paru dans la Série noire de Marcel Duhamel un an plus tôt et intitulé : Les Mystifiés. Je peux vous dire qu’il s’agit de cinq malfrats se cotisant pour un gros coup qui, vous vous en doutez, ne se passera pas exactement comme prévu. Vous en dire plus sur ce grand classique du polar serait criminel !

Sachez simplement que ces cinq truands sont incarnés par Charles Vanel – déjà vu dans Rififi à Tokyo –, José Giovanni – coauteur du scénario avec Claude Sautet – Michel Auclair, Claude Dauphin et Jean Rochefort, dans son premier « premier rôle », un rôle dramatique qui plus est. Deux actrices complètent cette brillante distribution : l’Italienne Daniela Rocca, deux ans après Divorce à l’italienne de Pietro Germi, et Michèle Mercier, un an avant Angélique, marquise des anges de Bernard Borderie. L’image, en noir et blanc, est signée Claude Renoir et la musique, très jazzy, est du prolixe Michel Magne qui, la même année, composait, également et entre autres, celles de Mélodie en sous-sol et des Tontons flingueurs.

 
Dans le même genre vous pouvez trouver CLASSE TOUS RISQUES (Ce polar mené par Belmondo et Ventura est écrit par José Giovanni et réalisé par Claude Sautet, qui sont deux des scénaristes de "Symphonie pour un massacre".) ou encore MÉLODIE EN SOUS-SOL (Un autre de ces films de gangsters "à l'ancienne" qui firent la joie des spectateurs des années 60. Ce casse remarquable est mené par Gabin et Delon.).

Le film que vous venez de voir aurait dû s’intituler Les Mystifiés, comme le roman dont il est tiré mais, alors que Jacques Deray en achève le montage, l’énorme succès de Mélodie en sous-sol, le film d’Henri Verneuil, fait réfléchir son producteur qui, adoptant la métaphore musicale, abandonne Les Mystifiés au profit de Symphonie pour un massacre, « un bon titre au demeurant » écrira Deray dans son livre de souvenirs : J’ai connu une belle époque. C’est pendant l’écriture du scénario que celui-ci décida de confier à José Giovanni le rôle de Moreau. C’est la première fois que le romancier, scénariste et futur cinéaste, passait devant la caméra. Il retentera l’expérience une quarantaine d’années plus tard en incarnant le père d’Isabelle Adjani dans La Repentie de Laetitia Masson.

Si Jean Rochefort fut enfin remarqué grâce à ce rôle très sombre, il le doit à l’opiniâtreté du réalisateur qui dut batailler ferme pour l’imposer. D’une part, l’auteur du roman original, Alain Reynaud-Fourton se disant comédien, voulait le rôle. C’est Claude Sautet, coauteur du scénario, qui refroidit ses ardeurs en le faisant répéter une scène du film, dont le pauvre romancier-acteur sortit légèrement désillusionné ! D’autre part, le producteur jugeait Rochefort : « trop à contre-emploi ». « Il n’avait pas tort », concèdera Deray. Cependant, souhaitant réaliser un film « avec suspense, rebondissement et meurtres en série », il savait que Rochefort allait faire « une éblouissante démonstration d’humour noir », comme il l’écrira plus tard. De son côté, s’il fut « absolument enchanté » d’aborder ce nouveau registre, le comédien se souviendra longtemps avoir eu bien du mal à assassiner Vanel. « Même avec un couteau truqué, j’y allais tellement timidement qu’il m’engueulait », comme le rapporte le journaliste Jean-Philippe Guerand dans son épaisse biographie de l’acteur.

Si, dans un bref articulet, les Cahiers du cinéma stigmatisèrent « le manque d’idée qui veut se faire passer pour sécheresse », dans la revue Cinéma 63, au contraire, Pierre Billard écrivit : « La tension dramatique [que Jacques Deray] parvient à introduire dans son film est d’autant plus extraordinaire qu’elle naît de plans parfaitement ordinaires. » Plus loin, il évoque « cette histoire de bande qui se défait lentement, pourrie par la méfiance et les trahisons, [ainsi que] cette odeur d’amitié reniée, qui rôde ici, comme parfois, chez Jacques Becker. » Outre-Atlantique, où le film sortira deux ans plus tard, le New York Herald Tribune pointera « une brillante étude d’un crime, nette et sans faille » et la prestigieuse Mystery Writers of America lui décernera le Prix spécial Edgar Allan Poe.

Excellente surprise que ce film de Jacques Deray qui fit bien pire ensuite. Un casting presque impeccable à un José Giovanni près qui est exécrable mais qui avait la gueule de l''emploi. Excellent scénario surtout qui enchaîne très habilement les rebondissements jusqu'au ...

Après avoir récupéré un trafic de drogue, un des cinq truands décide de vouloir garder le magot pour lui seul, et a en tête d'éliminer les autres. Troisième film de Jacques Deray, suivant Du rififi à Tokyo, Symphonie pour un massacre flirte entre le polar et le film noir, ...

Ce n'est que le troisième long-métrage de Jacques Deray, mais c'est à mon avis le meilleur de sa prolifique carrière. Hasard ou coïncidence, je n'ai pas cessé de penser à Jean-Pierre Melville en dégustant ce superbe polar noir à la française - dans lequel la police est ...