FERMER LES YEUX

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Cannes 2023. Pour la quatrième fois de sa carrière, le réalisateur espagnol Victor Erice présentait un long métrage au Festival. Son quatrième film : Fermer les yeux. Et c’était un événement car le cinéaste de 83 ans n’avait pas tourné depuis plus de 30 ans ! 

Fermer les yeux raconte l’histoire d’un acteur, Julio Arenas, qui a disparu lors d’un tournage. Vingt-deux ans plus tard, pour les besoins d’une émission de télévision qui s’intéresse à cette mystérieuse affaire, le réalisateur et meilleur ami de Julio, Miguel Garay, va revenir à Madrid et surtout replonger dans son passé. 

Dans le rôle du cinéaste qui remonte le fil de ses souvenirs, Manolo Solo, acteur vu également dans Compétition officielle, comédie espagnole grinçante sur le monde du cinéma. Mais dans Fermer les yeux, les cinéphiles ont surtout retrouvé la comédienne Ana Torrent, qui avait débuté enfant, presque cinquante ans plus tôt, dans L’esprit de la ruche du même réalisateur. Des cinéphiles et des critiques emballés par le film qui a été tout simplement qualifié de chef d’œuvre.  

 
Dans le même genre vous pouvez trouver DOULEUR ET GLOIRE (Un autre film avec un cinéaste qui se penche sur son passé) ou encore COMPÉTITION OFFICIELLE (Un comédie espagnole sur la folle création d'un film avec Manolo Solo).

Victor Erice est un cinéaste à part. En cinquante ans de carrière, il n’a réalisé que quatre long métrages. Des films qui lui valent un culte de la part des cinéphiles. Diplômé en réalisation de l’École Officielle de Cinématographie de Madrid en 1963, il a d’abord écrit quelques scénarios et fait quelques publicités avant de réaliser en 1973 L’esprit de la ruche qui lui a valu la prestigieuse Conque d’or du Festival de San Sebastian, ville basque où il a grandi, avant de montrer ce même film à La semaine de la critique à Cannes l’année suivante.  

Voilà qui aurait lancé la carrière de n’importe quel cinéaste. Sauf qu’Erice n’est revenu au long métrage que dix ans plus tard, en 1983 avec Le sud qu’il a présenté en compétition à Cannes. Un film d’après un roman de Adelaida García Morales, qui était alors son épouse, et auquel il prévoyait de donner une suite - ce qu’il n’a pu faire faute de moyens. 

Il faudra attendre presque dix autres années pour découvrir en 1992, encore à Cannes, son troisième film, Le songe de la lumière qui a remporté le prix du Jury. Dans les années qui ont suivi, il a réalisé des courts métrages pour des projets collectifs, réalisé l’installation Erice / Kiarostami: Correspondances en collaboration avec le cinéaste iranien (présentée dans de nombreux musées dont le Centre Pompidou) ; un segment de Centro histórico (long métrage collégial réalisé avec Manoel de Oliveira, Pedro Costa et Aki Kaurismaki) ; et surtout La morte rouge, un autre moyen métrage dans lequel il revenait sur son enfance et sa découverte du cinéma. Le cinéma qui, dit-il, lui a offert « le monde entier ». 

On ne peut pas dire que Victor Erice nous ait ensevelis sous un nombre démesuré de longs-métrages au cours de sa carrière. En effet, il en a réalisé quatre sur une durée d'un demi-siècle, dont le troisième plus de trente ans avant Fermer les yeux. S'il est fait ...

Comme beaucoup de grandes œuvres dans l’histoire du cinéma, Cerrar los ojos est un film de fantômes. Pas le fantôme dans sa version fantastique. Le fantôme qui hante le plan par sa présence immatérielle, ou par sa présence relayée en hors champ. Le fantôme comme image ...

La sortie de Fermer les yeux est à proprement parler un événement dans le monde cinéphile : parce qu’Erice n’avait proposé aucun long métrage depuis 31 ans, mais aussi, et surtout, parce que la densité de son récit s’adressera à ceux qui connaissent son œuvre et ...