EL DORADO en VOD
- De
- 1967
- 122 mn
- Guerre / Western
- Etats-Unis
- Tous publics
- VM - HD
PARCE QUE
El Dorado est d’une certaine façon le film d’une renaissance en 1966, celle de l’immense cinéaste américain Howard Hawks. Depuis 1959 et Rio Bravo, il n’a pas renoué avec le succès commercial, en dépit du bon accueil réservé en Europe à Hatari ! Ses films suivants le laissent lui-même insatisfait, alors qu’Hollywood en ce milieu des années 60 connaît de profondes mutations. Il prend alors la décision de renouer avec son univers antérieur en reprenant les recettes éprouvées de Rio Bravo, soit une histoire d’hommes dans le décor habituel : une ruelle, un saloon, le bureau du shérif et de ses adjoints, sans oublier de l’amitié, des méchants et quelques figures féminines. C’est ainsi qu’on a pu parler pour El Dorado d’un remake, terme à la fois pertinent et insuffisant tant le décalque est fidèle tout en s’en démarquant régulièrement. Comme tous les grands artistes, Hawks manie à la perfection la technique de la variation et du motif renouvelé.
Au bout du compte, El Dorado sera finalement vu par les historiens du cinéma comme le second volet d’une trilogie informelle entamée avec Rio Bravo et se terminant avec Rio Lobo en 1970, l’ultime film de Hawks. Les trois films ayant également le même scénariste en la personne de Leigh Brackett. Avec, pour chacun de ces trois westerns, une figure récurrente et tutélaire en la personne de John Wayne, au sommet de sa gloire et de sa popularité. L’acteur manifeste ainsi sa complicité avec l’un de ses cinéastes fétiches. Wayne retrouve ici ce personnage d’aventurier solitaire au grand cœur, mais qui est aussi un redoutable tueur qui vend ses services.
El Dorado affirme sa singularité au sein de la trilogie en développant d’indéniables touches d’humour. L’humour y est souvent présent, avec à la clé quelques mots d’auteur comme ce « T’es bien plus intelligent quand t’as bu », ou bien encore cette réplique : « Il n’a qu’à venir chez moi, il y trouvera un bon plumard : il est étroit et pas très confortable mais il ne risque pas d’être secoué. » Quant aux personnages eux-mêmes, ils ont nettement plus d’épaisseur et de caractère que dans Rio Bravo. À l’image de Cale Thornton, alias John Wayne, vieillissant et mélancolique à souhait. Tous ces éléments contribuent à faire de cet avant-dernier film de Hawks une œuvre crépusculaire et assumée comme telle. Une œuvre en forme de bilan pour un cinéaste qui n’a plus rien à prouver, sinon qu’il aime toujours autant raconter des histoires sur grand écran.