LES FEUILLES MORTES en VOD
- De
- 2023
- 81 mn
- Comédie
- Finlande
- Tous publics
- VO - HD
PARCE QUE
Helsinki, Finlande, période inconnue ? Aki Kaurismäki a pour particularité de filmer son époque comme s’il s’agissait des années 50 ou 60. Il est d’ailleurs facile de se tromper. Jusqu’à l’apparition d’un ordinateur dans un cybercafé, qu’Ansa utilise pour chercher du travail suite à son licenciement d’un emploi de manutentionnaire de supermarché, aucune technologie moderne ne nous est montrée. Les personnages des Feuilles mortes vont dans des cinémas de quartier ou au karaoké, se laissent des mots sur des morceaux de papier, n’ont pas de télévision mais écoutent la radio. Cette dernière maintient justement le lien avec présent : des informations sur la guerre en Ukraine sont données en direct.
Si Aki Kaurismäki, 66 ans, peut-être le plus grand réalisateur de l’histoire du cinéma finlandais avec des films comme La Fille aux allumettes en 1990 et L’Homme sans passé en 2002, est un nostalgique, il ne fait pas pour autant un cinéma passéiste et fétichiste. Kaurismäki est un cinéaste anachronique. Le temps de ses films est le temps de toute l’histoire du cinéma. On y parle peu, et plusieurs scènes renvoient au cinéma muet. Les Feuilles mortes est aussi truffé d’affiches et de références cinématographiques : Chaplin, Jarmusch, Rocco et ses frères.
Le cinéma de Kaurismäki est intemporel également parce qu’il épouse celui infini de la lutte des classes. Tous ses films traitent des laissés pour compte, des marginaux exploités qui vivent de rien. Les Feuilles mortes emprunte au mélodrame, à la comédie burlesque et romantique pour parler du monde en vase clos dans lequel vivent les classes populaires. Si Ansa et Holappa n’ont rien (Ansa a au moins un appartement, quand Holappa est un SDF qui ne possède que sa veste en cuir), et que leur futur ne s’annonce pas des plus lumineux, leur rencontre fortuite, presque miraculeuse, est ce qui va les sauver.
Quand il ne nous reste plus rien, il nous reste toujours la faculté d’aimer et le droit au bonheur. C’est ce que nous dit Aki Kaurismäki dans Les Feuilles mortes, titre inspiré d’un poème de Jacques Prévert. Comme dans toute bonne comédie romantique, l’amour naissant d’Ansa et Holappa est soumis à diverses péripéties, ici inhérentes à la classe sociale de ces personnages (l’alcoolisme d’Holappa, l’absence d’ordinateur ou même de téléphone). Cela donne des scènes aussi belles que cruelles, comme lorsqu’un simple coup de vent fait s’envoler le petit bout de papier où Ansa a noté son numéro de téléphone. Cependant, Kaurismäki n’est pas un cynique, et par l’union de ces feuilles mortes que sont Ansa et Holappa au début du film, né un bel arbre fleuri et coloré.