A PERFECT FAMILY

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En mêlant avec un certain tact émotionnel l'humour, le drame et la tragédie, A Perfect Family aborde le thème de la transidentité à travers l'histoire de Thomas, père aimant de deux adolescentes, qui décide de devenir femme sous le nom d'Agnete. Un changement de sexe qui ne sera pas sans conséquence sur la vie familiale de ces danois de la moyenne bourgeoisie. Surtout sur la plus jeune des deux filles, Emma, qui elle-même confrontée à sa propre crise d'identité, fait de son mieux pour accepter ce changement de réalité.

Le film, réaliste et doux-amer, se déroule sur un rythme lent afin d'approfondir le plus subtilement possible les réactions émotives et psychologiques de chaque membre de la famille. Et ce, sans pathos ni mélodrame appuyé. Il est montré en alternance avec des flashbacks de vidéos familiales amateurs, d'un temps heureux où personne ne soupçonnait que le père voulait devenir une femme.

Si le film joue à ce point la carte du réalisme (presque comme un documentaire pris sur le vif), c'est Parce que la réalisatrice Malou Leth Reymann a elle même fait face au changement de sexe de son père quand elle avait douze ans. Et a été jusqu'à utiliser les propres carnets intimes de son père pour l'écriture de son scénario, avec toujours cette maxime en tête : « Jusqu'à quel point l'amour peut-il supporter le changement ? »

Presque systématiquement abordée à travers l'humour il y a encore quelques décennies (voir La cage aux folles), la transidentité a donné lieu depuis à quelques films beaucoup plus crus et réalistes, et surtout engagés. Voir Boys Don't Cry de Kimberly Peirce (1999) sur l'histoire vraie de Brandon Teena (Hilary Swank), assassiné en 1993 pour avoir mené sa vie de jeune trans dans un coin paumé des États-Unis ; Danish Girl de Tom Hooper (2005) inspiré par la véritable histoire de Lili Elbe (Eddie Redmayne), l'une des premières personnes à avoir subi une opération de réassignation sexuelle ; Une femme fantastique de Sebastián Lelio (2017) sur le veuvage d'une femme transgenre confrontée au décès de son compagnon ; et beaucoup plus récemment, le magnifique Emilia Perez de Jacques Audiard (2024) où un redoutable chef de cartel mexicain décide de se retirer de son job de criminel pour devenir femme. À l'instar de ces quatre grands films, A Perfect Family prône la tolérance envers autrui avec une empathie et une sensibilité rare.

Ce film est une oeuvre en partie autobiographique où la réalisatrice revit une période de son enfance et pré adolescence, quand son père a annoncé à la famille qu'il allait faire ce qu'il voulait depuis longemps : devenir la femme qu'il a toujours senti être, même s'il ...