LA BATAILLE DU RAIL en VOD
- De
- 1946
- 82 mn



- Drame
- France
- Tous publics
- VF - HD
PARCE QUE
Film de propagande, La Bataille du rail naît d’une double commande passée au sortir de la Seconde Guerre Mondiale. René Clément répond à la demande d’une coopérative cinématographique du parti communiste française et de la toute jeune SNCF, séduite par son court-métrage Ceux du rail tourné deux ans auparavant. Grand succès populaire à sa sortie en salles, le film exalte non seulement l’effort collectif des cheminots dans la résistance à l’occupation allemande mais participe aussi à l’écriture consensuelle d’un roman national que le cinéma ne déconstruira pas avant le début des années 70. On comprend mieux pourquoi La Bataille du rail a été le seul film français diffusé en URSS jusqu’en 1954.
Si le Festival de Cannes lui attribue les prix de la mise en scène et du jury en 1946, c’est notamment pour saluer l’audace de son geste ains que sa grande modernité. Transfuge des Beaux-Arts de Paris passé brièvement par le cinéma d’animation, René Clément se saisit d’une actualité sociale et politique brûlante dans ce proto-docu-fiction iconoclaste et néo-réaliste inspiré de l’œuvre de Sergueï Eisenstein (Le Cuirassé Potemkine, La Grève) et de véritables anecdotes glanées auprès de cheminots-résistants. « On n’a pas fait un film d’histoire ! », soulignera néanmoins Louis Armand, ex-ingénieur en chef à la SNCF, dans un numéro des Dossiers de l’écran diffusé en 1969.
Documentaire à la gloire de la résistance ferroviaire, donc, La Bataille du rail se regarde également comme un thriller d’espionnage haletant où l’on retrouve les codes du genre : messages cryptés, messes basses, complots, etc. René Clément ne lésine pas non plus sur les moyens, quitte à mettre entre les mains de ses acteurs des balles réelles, plus faciles à se procurer dans l’immédiat après-guerre. La postérité retiendra surtout la scène du déraillement d’un train allemand filmée sans trucage par le chef opérateur Henri Alekan, Résistant de la première heure et grand maître de la lumière que le cinéaste recrutera une dernière fois pour un film de sous-marin, Les Maudits, en 1947.
René Clément apportera un éclairage plus « incarné » sur l’héroïsme de ses compatriotes dans une comédie sortie deux mois après La Bataille du rail, Le Père tranquille, portrait truculent d’un chef de la Résistance qui dissimule ses activités derrière une façade de timide assureur de province. L’ombre de la Seconde Guerre Mondiale plane sur trois autres de ses œuvres, dont l’incontournable Jeux interdits (1952), lauréat d’un Lion d’Or et d’un Oscar. Viendront ensuite Le Jour et l’Heure en 1963, l’histoire d’une idylle impossible entre un pilote américain et une bourgeoise parisienne, et enfin Paris brûle-t-il ?, gigantesque fresque sur la Libération de la capitale co-écrite trois ans plus tard par un jeune scénariste du nom de Francis Ford Coppola.