SANS TOIT NI LOI en VOD
- De
- 1985
- 101 mn
- Drame
- France
- Tous publics
- VF
1 MIN AVANT
Le cadavre violacé d'une vagabonde au fond d'un fossé. Mort naturelle, à cause du froid, conclut la police. Et là, Varda remonte en arrière sur les derniers jours de Mona, la fille errante, sale, rageuse, qui ne veut accepter la loi de personne mais mourra de ce refus-là... "Ce n'est pas l'errance, c'est l'erreur" comme dira un éleveur de chèvre dans le film...
Alors voilà, de temps en temps, il faut le prononcer ce mot qui fait peur : chef d'oeuvre. Oui, avec ce drame filmé comme un voyage en stop, Agnès Varda a signé un film inoubliable, qui fait mal, qui donne froid, qui plonge au fond des failles de la société. L'errance de sa vagabonde est ponctué de douze travellings disjoints, le début de chaque travelling fait écho à la fin du précédent, à plusieurs minutes d'intervalle. Sa mise en scène totalement objective s'inspire du nouveau roman (le film est d'ailleurs dédié à Nathalie Sarraute) et elle capte la matière même de la route et de son décor.
Ce portrait d'une routarde qui marche vers sa fin est aussi une expérience d'actrice : Sandrine Bonnaire, pas encore 18 ans (c'est son père qui signa le contrat à sa place) et dont la performance incroyable lui valut le césar de la meilleure actrice juste deux après celui du meilleur espoir pour A nos amours de Pialat. Ce très grand film, dur mais lumineux, fut, comme quoi l'exigence n'est pas rébarbative, le plus grand succès commercial d'Agnès Varda.
Dans le même genre vous pouvez trouver LOUISE WIMMER DE CYRIL MENNEGUN (Une rageuse, aussi, cette Louise qui dort dans sa voiture mais refuse la pitié. Un premier film fort sur la précarité et un magnifique portrait de femme de 50 ans dans la mouise qui devient une héroïne lumineuse du (sale) quotidien.) ou encore L'ÉPOUVANTAIL DE JERRY SCHATZBERG (La route, sa dureté, et les rêves, au bout, qui ne se réalisent jamais. Road movie dur et bouleversant sur l'Amérique des laissés pour compte avec un Al Pacino et un Gene Hackman magnifiques.).