LA CÉRÉMONIE

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Cette transposition d’un roman de l’autrice britannique Ruth Rendell, L’Analphabète (A Judgement in Stone), dans l’univers social d’une province française est particulèrement réussie. La romancière avait d’ailleurs elle-même fait part de sa satisfaction, affirmant que La Cérémonie constituait l’une des rares adaptations dont elle était contente.

Le malicieux Claude Chabrol s’amuse à glisser des signes et des références qui annoncent certains événements à venir. On peut imaginer que le nom de la famille Lelièvre renvoie à l’affaire des soeurs Papin, deux jeunes bonnes qui avaient assassiné leurs patrons, dans les années 30, et avaient énucléé et tailladé les victimes comme pour préparer un civet de lapin.

Si Claude Chabrol rend hommage dans plusieurs plans à des oeuvres d’Alfred Hitchcock (Soupçons et Vertigo/Sueurs froides, entre autres), Bong Joon-Ho, le réalisateur de Parasite, a reconnu à son tour que La Cérémonie compte parmi les films qui l’ont particulièrement marqué.

Chabrol avait lui-même qualifié La Cérémonie de « dernier film marxiste de l’histoire du cinéma ». En fait, une nouvelle fois, le réalisateur se penche sur le thème du mal et propose un film ouvert à diverses lectures. La force de son œuvre tient surtout dans sa mise en scène magistrale et notamment la façon dont il filme l’espace et la maison des Lelièvre où la question de la place à tenir, à investir, est si importante. Quarante ans avant de tourner La Cérémonie, Chabrol avait d’ailleurs écrit dans Les Cahiers du cinéma un texte intitulé « Hitchcock devant le Mal ». La Cérémonie signe la quatrième collaboration cinématographique entre Chabrol et son actrice fétiche Isabelle Huppert. Leur premier film en commun, Violette Nozière, histoire d’un parricide, avait valu un prix d’interprétation à Cannes à la comédienne. Avec cette Cérémonie, où elle campe une Jeanne survoltée coiffée de deux couettes, elle obtiendra un césar pour sa composition.

Fin connaisseur du roman policier, Claude Chabrol a toujours eu un faible pour les écrivains anglo-saxons. On repère dans sa gourmande filmographie, entre un Frédéric Dard et deux Simenon, quelques intrigues subtilement criminogènes et hautement atmosphériques démarquées ...

Y'en a une de postière subversive et elle est divine... (De toute façon, quel que soit son rôle, elle est toujours divine - Huppert bien sûr). Elle n’a pas sa langue dans sa poche et elle s’en fout mais alors si vous saviez. Y'en a une de servante dévouée, boniche opiniâtre, ...

Adapté d’un roman de Ruth Rendell, L’analphabète (A judgement in stone), mais évoquant également Les bonnes de Jean Genet, pièce de théâtre elle-même inspirée de l’affaire des sœurs Papin, La cérémonie décrypte les rouages, et jusqu'à son dénouement froid et ...