LA MOUCHE

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David Cronenberg a 15 ans lorsque sort sur les écrans de Toronto, sa ville natale, la Mouche noire, le film de série B que vient de tourner Kurt Neumann pour la Fox. Presque trente ans plus tard, après de nombreux courts métrages et six longs métrages, il en tournera le remake.

Un remake très libre puisque, comme Cronenberg l’expliquera lui-même, Kurt Neumann devait jouer avec la censure de son époque, une censure si sévère qu’il ne pouvait que « suggérer » les choses. Dans le film que vous allez voir maintenant, il est certain que Cronenberg ne suggère pas, il montre. Il montre même tout, ou presque, au point qu’une interdiction aux moins de 12 ans s’imposa à sa sortie française, en janvier 1987. Vous voilà prévenu.

Face à Jeff Goldblum, dans le rôle du scientifique certain de pouvoir bientôt changer la face du monde, le cinéaste engagea la très charmante Geena Davis, qui avait fait ses brefs débuts, quatre ans plus tôt (et en petite tenue), aux côtés de Dorothy, alias Michael, alias Dustin Hoffman dans Tootsie de Sydney Pollack. Voici donc la Mouche, Oscar du meilleur maquillage, à Hollywood, et Prix spécial du jury, à Avoriaz.

 
Dans le même genre vous pouvez trouver LA MÉTAMORPHOSE (2009) (La célèbre nouvelle de Franz Kafka, adaptée par le français Mathieu Zeitindjioglou, avec Catherine Jacob et Jean-Claude Dreyfus.) ou encore LA MOUCHE NOIRE (1958) (Assez différent, bien qu’inspiré du même roman, un film de série B avec Vincent Price en frère du scientifique, victime de son invention.).

Aussi étrange que cela puisse paraître, le film que vous venez de voir a été initié et produit par la société « Brooksfilms », autrement dit par Mel Brooks, soi-même. Oui Mel Brooks, l’homme des comédies parodiques parfois énormes. Souvenez-vous : Frankenstein Junior, le Grand Frisson, la Folle histoire de l’espace... Et bien c’est lui qui a produit la Mouche, en espérant que personne ne le sache, il avait trop peur, on peut le comprendre, qu’un tel projet, mené par lui, ne soit pas pris très au sérieux. Avant d’être confié à David Cronenberg, ce projet passa, d’abord, entre les mains du jeune Tim Burton (28 ans), qui venait de tourner son premier long métrage, Pee-wee Big Adventure, et qui allait, trois ans plus tard, diriger Geena Davis en charmant fantôme dans Beetlejuice.

Oscarisé pour la circonstance, c’est Chris Walas, grand spécialiste des effets spéciaux qui avait déjà travaillé sur Gremlins de Joe Dante, qui conçut les différentes mutations du héros, jusqu’au monstre terrifiant de la dernière séquence. Les ongles et les oreilles qui tombent, les dents qui se déchaussent, les pustules sur le visage et la peau en putréfaction sont dus à ses talents de maquilleur. Mais, lorsque la mouche prend le dessus sur l’homme, Jeff Goldblum dut laisser sa place à des marionnettes télécommandées grandeur nature, également imaginées par Walas. Pour la scène où il marche au plafond, on se souviendra qu’en 1951, dans un tout autre genre mais avec exactement le même trucage, Fred Astaire en faisait tout autant dans Mariage Royal.

Oubliant la Mouche noire et ses auteurs, le générique de la Mouche cite, tout de même, le nom de George Langelaan. Ce Franco-Britannique né à Paris en 1908, fut d’abord un agent secret au service de la couronne et au visage entièrement refait pour les besoins de ses diverses missions. Après la Seconde guerre mondiale, il s’orienta vers la littérature, écrivant, le plus souvent en français, des œuvres de science-fiction dont la Mouche, une nouvelle qu’il fera paraître en 1957. Hollywood s’y intéresse d’abord puis, à la fin des années 1960, en France, il fait l’objet d’une adaptation radiophonique, dans le cadre de l’émission Au théâtre de l’étrange. En 1986, David Cronenberg s’en empare et ne lâche pas le sujet, puisqu’une vingtaine d’années après le film, en 2008, à Paris, sur la scène du Châtelet, il en proposera une version lyrique, avec l’orchestre philarmonique de Radio-France, placé sous la direction de Placido Domingo.   

A la base, je n'aime pas les films gores, et en plus je suis un gros entomophobe (la phobie des insectes) depuis petit. Forcément un film qui raconte l'histoire d'un scientifique qui se fusionne involontairement avec une mouche ne pouvait être que mon pire cauchemar. Pourtant, ...

A l'instar d'un Dead Zone, Cronenberg signe sans doute avec The Fly (remake de La Mouche Noire de 1958), le moins fumiste de ses films fantastiques, le plus direct, le plus concis, le plus touchant et le plus porteur. Cette histoire de monstre en deviendrait presque humaine... Plus ...

Quand j'ai noté ce film jadis, je considérais qu'il faisait partie de ces oeuvres grassement surévaluées par un affectif qui m'est absolument essentiel. En le voyant pour la première fois ce soir sur grand écran, je reconsidère cette idée. Non, je ne surnote pas "La Mouche", ...