L'ÎLE AUX CHIENS en VOD
- De
- 2018
- 97 mn
- Comédie
- Allemagne | Etats-Unis
- Tous publics
- VM - HD
PARCE QUE
Quand Wes Anderson s’est lancé dans le projet de L’Île aux chiens, on pouvait se demander ce qui le poussait à retenter l’aventure de l’animation en stop-motion. Fantastic Mr. Fox, absolument fabuleux, était l’un de ses meilleurs films (peut-être même son meilleur). Or, Wes Anderson reste un cinéaste live, et refaire de l’animation, avec la même technique, était risqué. Et pourtant, L’Île aux chiens, tout en étant purement du Wes Anderson, révèle une facette presque nouvelle du cinéaste.
Avec son cadre dystopique aux accents de monde post-apocalyptique, L’Île aux chiens raconte comment les autorités japonaises déportent les canidés à cause d’une épidémie de grippe canine. Sorti avant la crise du Covid 19, le film anticipe brillamment l'ambiance paranoïaque et la violence des autorités en cas de pandémie (souvenez-vous des conditions de quarantaine en Chine). Surtout, Wes Anderson donne un ton inhabituellement politique à son film. Ce tournant, déjà amorcé par son film précédent The Grand Budapest Hotel, qui se situait dans l’Europe de l’entre-deux guerres, devient ici plus prégnant.
L’évolution est aussi esthétique. Si on retrouve toujours ce qui fait sa patte (sans mauvais de jeu mot canin), à savoir les symétries, les panoramiques et un goût pour les beaux décors et habits, l’ambiance est différente. Pour coller à l'atmosphère plus anxiogène de son histoire et au cadre (une déchetterie géante), les noirs et gris sont beaucoup plus présents, les couleurs moins chamarrées que pour Mr. Fox par exemple. Ces toutous considérés comme des pestiférés ont le poil hirsute, la moustache de travers et l’air bougon. On est à mille lieues du raffinement des Tenembaum.
Enfin, L'Île aux chiens est aussi un film de voix et de langues. Le casting vocal est hallucinant : Bryan Cranston, Bill Murray, Tilda Swinton, Léa Seydoux, Greta Gerwig, Edward Norton ou encore Scarlett Johansson pour ne citer qu’eux. À tous ces accents se rajoute un jeu entre les différentes langues : japonais et anglais se côtoient avec une approche assez unique. Anderson ne sous-titre pas les passages en japonais, sans que ça ne cause de souci de compréhension. Une idée géniale parmi des centaines qu’on ne pourrait lister intégralement ici.