J'ACCUSE

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Alors c’est donc tombé sur moi ! Merci à toute l’équipe de FilmoTV : je vais vous parler de J’accuse de Roman Polanski... Oui oui : celui-là même qui a obtenu le César du meilleur réalisateur lors de l’édition 2020. Mais, étant ici pour évoquer le cinéma et pas le reste, rassurez-vous ou indignez-vous : je me contenterai de cinéma.

Or donc, J’accuse est un thriller historique et judiciaire qui raconte comment l’affaire Dreyfus est devenue une affaire d’Etat à la fin du 19e siècle ? Comment cet officier juif, hautain et doué, a été transformé à son insu en coupable idéal pour couvrir un scandale impliquant de hautes autorités militaires. Et comment un de ses supérieurs, le colonel Picquart, a dû batailler pour prouver l’innocence de ce capitaine jeté en pâture à la vindicte populaire sur fond d’antisémitisme rampant...

Louis Garrel, Jean Dujardin, Grégory Gadebois, Emmanuel Seigner et d’autres peuplent cette fresque intense et utile... Et si vous vous faisiez, là maintenant, votre idée sur le film ?

 
Dans le même genre vous pouvez trouver DES HOMMES D'HONNEUR (L'institution militaire porte le nom de "grande muette" et c'est vrai qu'il est difficile de s'y opposer ou même d'y enquêter, surtout quand on y appartient soi-même ! Tom Cruise et Jean Dujardin vont en faire l'expérience...) ou encore L'AFFAIRE DRYFUS (A près de 60 ans de distance, Roman Polanski et José Ferrer portent un regard juste et clair sur l'un des grands scandales de l'Histoire de France...).

Si l’on ne parle encore une fois que de cinéma, avouez que la performance de Jean Dujardin sous la moustache et le képi du colonel Marie-Georges Picquard méritait bien une nomination au César du meilleur acteur 2020... Ce n’était d’ailleurs que la 2e fois que l’acteur se retrouvait parmi les finalistes après avoir été cité en 2012 pour son rôle dans The artist. Cette année-là, malgré un Oscar, il avait vu le trophée lui échapper au profit d’Omar Sy pour Intouchables. Huit ans après, c’est Roschdy Zem qui a été sacré pour Roubaix, une lumière d’Arnaud Desplechin... Cela n’enlève évidemment rien au talent de Jean Dujardin qui, depuis son arrivée dans le cinéma, a toujours su ne pas choisir la facilité et brouiller les pistes.

Après ses années télé dans la sitcom Un gars, une fille, Dujardin passe du petit au grand écran en 2002 et se retrouve logiquement cantonné à ses rôles dans des comédies : A l’abri des regards indiscrets, Ah si j’étais riche ou Toutes les filles en sont folles jettent les bases d’une filmographie qui épousera bientôt d’autres contours. Dès 2004 il s’affiche dans Le convoyeur de Nicolas Boukhrief, un polar social où il partage l’affiche avec Albert Dupontel. Dès lors, Jean Dujardin va alterner de pures comédies, (genre qu’il adore et dont il revendique la noblesse), avec des projets plus graves, des polars ou des expériences cinématographiques parfois à la limite de l’expérimental.

Ainsi, on le voit au générique d’immenses succès populaires comme OSS 117 ou Brice de Nice mais aussi dans Les petits mouchoirs, 99 Francs, La french, Moebius ou encore dans I feel good, Les infidèles ou Le daim. Quant à ceux qui, régulièrement, lui reprochent de ne pas avoir tenté une aventure américaine qui lui semblait promise après le triomphe de The artist, Dujardin répond que cela ne l’intéresse pas, sauf quand Martin Scorsese l’appelle pour Le loup de Wall Street ou George Clooney lui offre une apparition dans The monuments men.

En dépit du Lion d’argent remporté à la Mostra de Venise et du César du meilleur Réalisateur, le dernier film de Roman Polanski ne manque pas de susciter des conflits abscons : complicité de viol au simple visionnage, crachat à la gueule des victimes en cas de récompense, ...

L’académisme est rarement un attribut flatteur : si l’on y reconnait un certain savoir-faire, une solide culture des codes et, dans le cas présent, un sens aigu de la reconstitution historique, le terme est aussi associé à une rigidité, un manque d’audace et un engoncement ...

Ahhh enfin j'ai vu le voir ce fameux J'accuse, un film que Polanski veut faire depuis des années, pour les raisons que l'on sait... et il fait ça assez intelligemment ! En fait il a la malice de ne pas traiter l'affaire Dreyfus du point de vue de Dreyfus mais de celui d'un de ...