IN THE CUT

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Attention, thriller... érotique. On ne pouvait pas s'attendre à un thriller banal de la part de Jane Campion, véritable auteur qui mit depuis ses débuts avec Un ange à ma table, puis, après, avec La Leçon de piano, toute sa sensibilité à creuser les mystères féminins. Ici, comme toujours, son héros est une héroïne. Franie la new yorkaise parle crûment, elle est écrivain et professeur de lettres, elle fréquente les quartiers chauds, mais, dans sa vie amoureuse, elle est plutôt coincée. Elle aime beaucoup les phares, tout de même, un évident symbole phallique... Et puis, un jour, dans les toilettes d'un bar, Franie voit une scène chaude qu'elle n'aurait pas dû voir. La nuit même, une femme est retrouvée assassinée près de chez elle. Un meurtre vraiment sanglant... Et c'est fou comme l'inspecteur qui vient l'interroger lui fait de l'effet : il est incarné par Mark Rufffalo, ceci expliquant cela.

Jane Campion suit au plus près cette femme qui bascule dans un cauchemar fait de sexe et de danger, de désir et de frayeur, et sa caméra en tremble presque. New York prend des allures de décor de rêve éveillé, chaque son prend une connotation étrange, et toutes les figures imposées du thriller-le serial killer, le faux coupable, les fausses pistes-se drapent d'une intensité nouvelle. Jane Campion découvre le vertige du polar pendant que son héroïne découvre les vertiges de l'amour charnel.

Dans le rôle de cette femme que la violence mène à découvrir sa vraie féminité, Meg Ryan, tellement connotée comédies sentimentales, épate. On sent qu'elle s'est donnée corps et âme à Jane Campion pour ce vrai contre emploi. Elle a eu bougrement raison. Elle est aussi troublée que troublante.

 
Dans le même genre vous pouvez trouver MELODIE POUR UN MEURTRE DE HAROLD BECKER. (Un flic fatigué tombe raide dingue d'une femme torride au centre d'une affaire criminelle. Est-ce de l'amour ou une liaison fatale ? Al Pacino est somptueux et Ellen Barkin, au sommet de l'érotisme dangereux.) ou encore BASIC INSTINCT (Un flic au désir trouble, une romancière qui n'a pas froid au yeux : le thriller de Paul Verhoeven reste un classique du thriller sexuel ! LE film qui revela le tempérament de Sharon Stone !).

Dans In the cut, Meg Ryan a des orgasmes. Enfin, son personnage... Et à quoi pense-t-on ? A la scène de Quand Harry rencontre Sally de Rob Reiner en 1989 où elle mime un orgasme dans un restaurant pour mettre Billy Crystal dans ses petits souliers. Elle le mime si bien d'ailleurs, que, du coup, la dame assise à la table d'à côté commande le même plat que Sally ! Voilà le drame de Meg Ryan. Sally lui colle à la peau, et, avec, l'étiquette "comédie romantique". Pourtant, quand on regarde sa filmographie, Meg Ryan n'a pas joué que dans des love story. Elle a joué la fille d'un militaire incarné par Sean Connery dans le thriller Presidio en 1988. La même année, elle était une étudiante qui aide son professeur moribond dans un autre thriller, Mort à l'arrivée.

Après le triomphe de Quand Harry rencontre sally, elle a incarné Pamela Courson, la compagne de Jim Morrisson dans The Doors d'Oliver Stone, puis une fille paumée dans Flesh and bone en 1995, puis elle a carrément porté l'uniforme d'une capitaine pendant la guerre du Golfe dans A l'épreuve du feu de Edward Zwick en 1997. Mais rien n'y fait: Meg, avec ses grands yeux bleus porcelaine et son joli nez rond retroussé est la girl next door idéale. Enfin, un peu plus loin que la porte d'à côté puisque, dans son autre comédie sentimentale célèbre, Nuits blanches à Seattle de Nora Ephron en 1993, elle habite Baltimore et tombe amoureuse de Tom Hanks qui habite Seattle.

Dans Vous avez un message, six ans plus tard, elle retrouve Nora Ephron et Tom Hanks pour un remake version internet de The Shop around the corner de Lubitsch. Là, elle est vraiment au coin de la rue, mais Tom Hanks ne sait pas que c'est avec elle qu'il correspond par mail. Meg Ryan, la fille qui change de rôle... Mais tout ce que l'on veut, finalement, c'est que, à l'autre bout de l'Amérique, en passant par la case amitié ou par courrier électronique, elle trouve chaussure à son pied.

Sur un thriller assez banal dont l'intrigue vaut tout au plus un 6, Jane Campion signe une réalisation à couper le souffle, fait d'une succession de plans larges, de plans serrés, de gros plan sur les matières, de séquence en caméra à l'épaule, c'est époustouflant. Le ...

La prestation du duo Ryan-Ruffalo est très bonne. Ce dernier possède un charisme très inquiétant, ce qui colle parfaitement au film. Cette histoire d'amour, ou plutôt de sexe, de possession, de deuil, est réalisée avec brio par une Jane Campion que j'aime de film en film, ...

Jane Campion poursuit inlassablement son exploration de la féminité dans ce qu’elle a de plus intime, sans concession ni exhibitionnisme. Apparemment et au vu de certaines critiques, cela excite ou dérange, voire les deux à la fois… Ayant la chance de n’être dans aucun ...