L’attrait premier du film, bien sûr est de mettre en lumière le couple formé par Liz Taylor et Richard Burton. Ils s’étaient rencontrés l’année précédente sur le tournage de Cléopâtre : elle était reine d’Egypte, il était chef des Romains. Hôtel international est donc leur second film ensemble. Ils en tourneront onze. Pour l’heure les deux amants sont mariés… mais chacun de leur côté. Ils attendront quelques mois de plus pour se défaire de liens antérieurs et convoler en justes noces. Ils resteront mariés dix ans, dix ans de déchirements et de retrouvailles. Avant de divorcer. Pour se remarier. Et divorcer encore quelques mois plus tard. Il semblerait qu’ils aient été à deux doigts de recommencer une troisième fois, mais ça ne s’est pas fait. A noter que les bijoux que porte la belle dans le film sont les siens, offerts par Burton bien sûr.
Elizabeth Taylor est une star, une vraie. Sans doute la dernière des stars d’Hollywood. Quelle que soit la qualité des films dans laquelle elle apparaît, et Dieu sait si la fin de sa filmo est oubliable, quelle que soit sa forme physique (elle a passé des années en cures d’amaigrissement ou de désintoxication), elle reste une star, conservant une aura dont peu d’autres comédiennes peuvent se targuer. Cela étant dit, si sa carrière n’a pas connu que des moments de fulgurance, qui d’autre a alimenté nos fantasmes comme elle l’a fait ? Il n’a suffi que de quelques films : Une place au soleil, La Chatte sur un toit brûlant, Cléopâtre, Reflets dans un œil d’or… pour imposer sa sensualité, son mystère, ses fêlures…
Hôtel international est réalisé par le plus british des cinéastes d’Outre-Manche, avec ce que cela implique de guindé, Anthony Asquith. Il a connu une belle carrière de la fin du muet aux années 60, mais sans révolutionner le cinéma, ce qui explique le relatif oubli dans lequel il est tombé. Il n’empêche que son Ombre d’un homme est un petit bijou de sensibilité. Adapté d’une pièce de Terence Rattigan, un autre gentleman s’il en est, brillante recrue des écoles les plus prestigieuses. Avant qu’il ne devienne un auteur de théâtre à succès dont plusieurs pièces ont été portées à l’écran, comme Le Prince et la Danseuse, par son ami Laurence Olivier. C’est ce même Rattigan qui a signé le scénario d’Hôtel international. A un moment où il semblait déjà en perte de vitesse. Depuis que les jeunes gens en colère sous la houlette, d’Osbourne au théâtre, d’Anderson ou Richardson au cinéma avaient donné un sacré coup de vieux à cette conception si aristocratique et bien élevée de l’art.