FLICS EN JEANS en VOD
- De
- 1976
- 93 mn
- Policier / Suspense
- Italie
- Tous publics
- VF - HD
PARCE QUE
Bonnet sale et mal cousu sur la tête, Tomas Milian incarne un ancien voyou devenu policier. Un adulescent fan d’Al Pacino et de Serpico au point d’en avoir plusieurs posters dans sa chambre… et d’avoir appelé son rat du nom du héros du film de Sydney Lumet. La dégaine de Nico Giraldi va devenir tellement mythique qu’il sera le héros de dix suites réalisées par Bruno Corbucci. Ce Hercule Poirot peu orthodoxe emploie des méthodes un peu brutales dans sa chasse au crime, laissant rarement son passé de voyou de côté. Corbucci signe un long-métrage qui laisse l’humour primer : sa scène d’ouverture sur une personne en train de déféquer sur la voie publique — afin d’attirer le regard de touristes pour que ses amis leur volent leurs valises — donne le ton. S’en suit une séquence légère, cumulant les vols sans grande violence, qui suffit à dépeindre la menace qui pèse sur les rues de Rome et que l’agent Giraldi doit combattre.
Mais la ville Éternelle n’est pas celle qu’on visite. Elle est sale, cruelle, étroite, remplie de brigands et de receleurs qui rendent la vie impossible aux habitants. Les flics en jean dresse avec humour le portrait de la société romaine de l’époque, bastion de criminalité plus ou moins violente n’épargnant personne. Chaque citoyen est autant une victime qu’un coupable, impliqué de plus ou moins loin dans les délits qui parsèment la cité. En plus de son thème principal qui reste en tête bien après le visionnage, Les flics en jean peut compter sur le décalage entre ses situations comiques et des scènes de torture beaucoup plus violentes pour garder son spectateur : sans aucune baisse de rythme, Corbucci alterne entre les genres et livre une comédie d’action efficace, bien plus détendue que la majorité des polars italiens de l’époque. Les scènes d’interrogatoire pourraient même avoir influencé celles de Memories of Murder tant elles sont absurdes. Policiers et brigands enchaînent l’humour et les coups violents, rendant difficile la distinction entre les bons et les mauvais. La poursuite sur les toits de Rome, en revanche, est loin d’avoir inspiré la saga Assassin’s Creed : les personnages sont aussi adroits qu’un joueur de foot en chaussures de ski, allégeant une nouvelle fois le ton du métrage sans en diminuer les enjeux.
À côté de celle-ci, la séquence au Stadio Olimpico lors d’un derby de Rome entre la Lazio et l’AS Roma est le sommet de tension du long-métrage, un rappel que Bruno Corbucci sait parfaitement filmer la foule et l’agitation. Et au milieu des scènes d’action et des courses-poursuites décoiffantes en moto, le cinéaste glisse des blagues sexistes, discriminatoires et franchement datées : sa vision des policiers est particulièrement péjorative, rendant leurs remarques d’autant plus hilarantes. Même la sous-intrigue amoureuse est loin des codes de l’époque tant elle est peu crédible. Elle bien trop belle pour être vrai, mais suffisamment réjouissante pour dépasser le statut d’amourette (la scène de réveil des deux tourtereaux, l’une à moitié nue et l’autre portant un bonnet, un pull en laine et des chaussettes, est un des grands moments du film). Si son histoire rappelant vaguement L’inspecteur Harry n’a rien d’exceptionnelle, son personnage principal suffit à attirer l’œil, au point d’être devenu l’un des policiers iconiques du cinéma italien des années 70 et 80. Quant au rat Serpico, sa petite bouille aurait mérité d’être la tête d’affiche du longmétrage.