DEUX FLICS À ABATTRE en VOD
- De
- 1976
- 88 mn
Antonio et Alfredo, policiers infiltrés d'une brigade motorisée, utilisent des méthodes expéditives pour traquer et éliminer les criminels. Après l’assassinat de leur collègue, ils s'en prennent au mafieux Pasquini. Mais leur enquête révèle d'étranges connexions entre la pègre et leur propre institution...
- Policier / Suspense
- Italie
- Tous publics
- VO - HD
PARCE QUE
Deux beaux gosses aux cheveux longs parcourent les rues de Rome en moto sur fond musical, quand la violence sous-jacente de la ville frappe d’un coup. Deux flics à abattre commence avec une course-poursuite en bécane, dans laquelle les gentils flics traquent les méchants criminels un peu bébêtes. Mais lorsque la chasse touche à sa fin, les rôles s’inversent : les policiers se transforment en monstres sans cœur, machines à tuer inconscientes peu soucieuses de sauver des vies. Ruggero Deodato dépeint la violence des années de plomb en critiquant frontalement la police, dont la grande bêtise n’égale pas la sauvagerie. Sans le titre pour nous guider, le fait que les deux protagonistes soient policiers n’a rien d’évident dans cette première scène à la rare brutalité pour un polar italien de cette époque. Une brutalité qui ne fait que grandir au fil du film, lorsqu’un voyou se retrouve avec les yeux écrasés façon Game of Thrones, et un autre avec la bouche arrachée à la The Walking Dead.
Les deux acolytes sont issus d’une brigade secrète de la police dotée d’un permis de tuer. Véritables tueurs à gages, ils sont davantage criminels que flics, assassins que cibles. Antonio et Alfredo se montrent encore plus violents que le parrain de la mafia qu’ils doivent affronter en deuxième partie de long-métrage, rendant obsolètes toutes les menaces que l’antagoniste profère à leur égard. Pour ne rien arranger de ce glorieux portrait, le réalisateur Ruggero Deodato a complètement occulté l’homosexualité des deux hommes présente dans le scénario de Fernando Di Leo. À la place, ils sont on ne peut plus machistes et ne considèrent les femmes que comme de potentielles partenaires sexuelles. Fort heureusement, le personnage joué par Silvia Dionisio les ridiculise régulièrement en titillant leur ego de mâles alpha. La police n’est pas vraiment mise en valeur, mais difficile malgré tout de ne pas être charmé par le duo porté par Marc Porel et Ray Lovelock. Leur complicité à toute épreuve et leur volonté de rendre justice en font des personnages attachants, deux faces d’une même pièce, deux côtés de la balance d’une justice chancelante. L’un est le ying l’autre est le yang, l’un est James l’autre est Bond.
Ruggero Deodato est davantage connu pour avoir réalisé Cannibal Holocaust et d’autres films de séries Z. Et pourtant, il utilise les codes propres au poliziottesco pour infuser un sérieux bienvenu dans les scènes les plus dramatiques du film. Les flics se cachent derrière des journaux, dans des cabines téléphoniques ou au comptoir d’un café comme dans tous les classiques du genre, avant de mener à bien leur mission de sauvetage dans une séquence d’action pure, à la mise en scène brute. La caméra tente de suivre la cadence des motos et des explosions, avant de se poser sur les anti-héros une fois le drame évité de peu, blaguant comme s’ils étaient à la cafét’ de leur open-space. On comprend la réussite du film au box-office, alors qu’il était sorti face aux Flics en įean de Bruno Corbucci (dont Deodato a été l’assistant). Plus bancal, plus violent mais indéniablement plus drôle, ce buddy movie avait tout pour être un succès public. Sans complètement prendre parti — le long-métrage veut nous faire apprécier deux hommes qui tuent et frappent les personnes qu’ils interrogent, y compris des jeunes femmes — Deux flics à abattre questionne les rapports de force entre la police et les civils, au cœur d’une période vacillante pour la politique italienne.