A TOUCH OF SIN

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Touch Of Sin, c’est, en 2013, le dixième film de fiction réalisé par le cinéaste chinois Jia Zhang-Ke qui remporta le Lion d’Or au Festival de Venise en 2006 avec Still Life. Il y raconte les destins de quatre personnages : Dahai, un mineur exaspéré pat la corruption ambiante, San’er, un travailleur migrant porteur d’une arme à feu, Xiao Yu, hôtesse d’accueil dans un sauna et Xiao Hui, un travailleur précaire. Trois hommes et une femme pour raconter la Chine d’aujourd’hui.

Revenant sur la genèse de son film, Jia Zhang-Ke explique qu’il s’est lancé dans l’écriture d’un scénario qui serait une série de portraits de la violence quotidienne et ordinaire plutôt que l’histoire d’un seul protagoniste. C’est ainsi qu’il est parti de quatre faits divers incroyablement violents selon lui afin d’illustrer la Chine moderne telle qu’il la comprend et l’analyse à travers une œuvre de fiction. Ainsi naquit A Touch Of Sin.

Le cinéaste chinois se conforme ainsi à la tradition du roman historique dans son pays qui consiste à partir d’un fait et à construire des personnages et une histoire autour. Mais, de son propre, aveu, il s’est également inspiré de la forme narrative d’un opéra en particulier, La Forêt des sangliers, un opéra de Pékin filmé en 1962. Il conjugue ainsi modernité et tradition, regard contemporain et culture classique, certain alors de pouvoir appréhender des réalités d’autant plus complexes qu’elles sont au cœur des contradictions chinoises.

 
Dans le même genre vous pouvez trouver A TOUCH OF ZEN (Le titre anglais du film de Jia Zhang-Ke est de son aveu même un hommage au film cinéaste de Taïwan King Hu, "A Touch of Zen" présenté à Cannes en 1975) ou encore A L'OUEST DES RAILS (Le cinéma documentaire du Chinois Wang Bing est le pendant documentaire des films de fiction réalisés par Jia Zhang-Ke. Tous deux portent sur leur pays un regard acéré...).

Même si elle n’est pas évidente pour nos oreilles occidentales, la dimension linguistique est très présente dans le film de Jia Zhang-Ke. Chacun des quatre protagonistes s’exprime dans le dialecte de la région dont il est issu. Quatre parlers différents donc pour quatre régions chinoises différentes, soit une bonne façon de tenter de couvrir une grande partie du territoire et d’en montrer sa diversité et même ses antagonismes. Rien de commun ou presque entre la grande province agricole où vit Dahai et la grande ville où évolue Xiao Hui.

A Touch Of Sin montre également un phénomène de plus en plus fréquent dans la Chine des années 2000/2010, celui des migrations intérieures. Les gens, comme on le voit dans le film, quittent leur ville d’origine pour trouver du travail, à la recherche d’une vie meilleure.  Et cet afflux de population a créé de nouveaux liens sociaux. Le cinéaste espère ainsi montrer, selon ses propres termes, que des gens très différents entretiennent des relations secrètes même sans se connaître.

Si l’on en croit son auteur et réalisateur, ce film est par ailleurs comme un film d’arts martiaux sur la Chine contemporaine, soit un genre traditionnel appliqué à une vision très politique. L’un des thèmes récurrents de ces films est d’ailleurs comme ici la lutte de l’individu contre l’oppression dans un environnement social hostile. Et Jia Zhang-Ke d’ajouter : « J’ai l’impression que la révolte violente est non seulement un sujet politique mais aussi un problème inhérent à la nature humaine qui mérite d’être étudié. »

A Touch of Sin est un film qui désespère de notre temps, de ce que la mondialisation marchande a fait de nos sociétés; de comment ont été systématiquement détruites des cultures millénaires et surtout du comment a été anéanti le lien humain. Ainsi "les eaux glacées ...

La démonstration est limpide : retournant comme un gant le décor d’une Chine qu’on connait silencieuse et passive, Jia Zhang Ke propose une série de réponses à la violence séculaire qui la structure. D’une dictature idéologique à une oppression économique, le code ...

La violence. Ce film est un film sur la violence. Une violence qui ne se cache pas, qui n'est pas esthétisée. Une violence qui débarque, comme ça, brutalement, sans prévenir. Un fusil, un couteau qui jaillit, un coup de pistolet dans le dos, le sang qui gicle, éclabousse, ...