TUCKER AND DALE FIGHTENT LE MAL

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Tucker et Dale sont deux gentils péquenauds partis se ressourcer en forêt. Leur seul tort ? Se trimbaler dans un pick-up bourré de tronçonneuses, de faux et autres machines à clous. Et emménager à deux pas du campement d'une bande de jeunes. Quand Dale pointe sa salopette et sa casquette graisseuse chez les ados, les gamins détalent en hurlant.

Normal : depuis le Projet Blair Witch et Massacre à la tronçonneuse, quand le teenager croise un bouseux entre deux arbres, il a des raisons de s’inquiéter.  

La suite ? Un quiproquo qui va entraîner la mort d'un des jeunes ! C'est le début d'un gigantesque malentendu dans lequel horreur et hilarité vont se mélanger. Tucker & Dale est une parodie du film white trash et des serial killer. Mais pas seulement. C’est aussi une belle histoire d’amour.

 
Dans le même genre vous pouvez trouver SHAUN OF THE DEAD (Parce ce que Edgar Wright fait subir au film de zombie ce que Eli Craig fait avec le film de Hillbilly : un retournement des codes pour le meilleur et pour le rire) ou encore DELIVRANCE (Parce que le film de Boorman est le film fondateur du genre et est explicitement référencé dans Tucker et Dale fightent le mal).

Depuis Délivrance, de John Boorman, le film d'horreur à la campagne repose toujours sur le même principe : un groupe de gentils citadins est pourchassé par des autochtones mal intentionnés. Après Tao of Pong court-métrage qui a buzzé sur le net, Eli Craig signe son premier long avec une idée simple : renverser les clichés du film de hillbilly pour mieux les relifter. Fils de l’actrice Sally Field mais surtout acteur de Carrie 2, Eli Craig sait de quoi il parle et son film est assez malin.

Le cinéaste imagine un crescendo de quiproquos complètement dingos. A ma droite : deux amis ploucs, a priori flippants avec leur salopette et leurs casquettes de routier mais en fait doux comme des agneaux et vraiment attachants; à ma gauche une bande d'étudiants décérébrés, abreuvés de gore et de faits divers glauques, finalement plus dangereux que les péquenauds.
Tucker and Dale vs.Evil n’a pas la prétention de révolutionner quoi que ce soit, mais après les zombies (Shaun of the dead) ou les vampires (Mords-moi sans hésitation) ce sont donc les rednecks qui passent par la case parodie.

Le terrain de jeu est idéalement calibré pour les bimbos carnassières et Craig affine ses séquences trash avec une certaine bravoure. Dans le genre, la scène du broyeur à bois exorciserait presque, quinze ans après, celle de Fargo des frères Coen.
Pourtant, si le film fonctionne vraiment, c’est parce qu’il ne joue jamais la carte du cynisme et prend le genre très au sérieux. Mieux, Tucker & Dale s’avère attachant, parce qu’il n’hésite pas à s’aventurer sur d’autres terrains moins évidents... La love story qui se noue entre Allison (sublime Katrina Bowden - aperçue dans la série 30 rocks et dans American Pie 4) et Tucker (le hillbilly avec de gros problèmes d’égos) fait dériver le film vers la pure comédie romantique... mais une rom’com avec un énorme body count. La transgression n’a plus de limite !