THE VOICES

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Entendre des voix, c'est en soi plutôt sympa. Au-delà de ce sublime alexandrin, vous conviendrez que cette vérité est indiscutable. Alors pour certains, et je pense à Jeanne d'Arc, cela peut carrément se transformer en destin éternel, mais pour d'autres comme tatie Clara, bercée depuis sa tendre enfance par les rengaines de Franck Michael, c'est plus douloureux…

Dans The voices, le film de Marjane Satrapi que vous allez regarder, c'est Jerry qui entend des voix. Et pas n'importe lesquelles : celle de son chat, Mr Moustache, et celle de son chien, Bosco. Le souci, c'est que le canidé le pousse plutôt, (logique pour un chien), à la modération alors que le félin favorise ses mauvais instincts, quitte à en faire un meurtrier…

Ryan Reynolds et Gemma Arterton sont les interprètes de son film indéfinissable, flirtant avec le fantastique gore et la comédie romantique. Une expérience à part dont la mise en scène et l'univers visuel vous surprendront à tout moment. The voices, à écouter donc, mais aussi à voir !

 
Dans le même genre vous pouvez trouver DOCTEUR DOLITTLE (Les animaux sont nos amis et parfois on croit vraiment entendre leurs voix. Dans ces deux films, c'est pourtant la réalité pour Ryan Reynolds et Eddy Murphy !) ou encore MORTEL TRANSFERT (Un psychologue peut guérir les maux de nos cerveaux tourmentés mais peut-il vraiment soigner nos instincts les plus criminels ? Jean-Jacques Beineix et Marjane Satrapi explorent notre subconscient et répondent...).

Marjane Satrapi est vraiment un cas d'école dans l'univers parfois si balisé du cinéma français. Voilà une artiste issue d'une riche famille aristocratique iranienne, obligée de quitter son pays en 1984 et qui, après de brillantes études graphiques, publie en rafale au début des années 2000 une série de bande-dessinées racontant son parcours personnel. Persepolis sera non seulement un immense succès commercial mais constitue aujourd'hui encore un témoignage unique, cruel, nostalgique et irrésistible sur ce que fut la révolution islamique. Forte de cet accueil enthousiaste, Marjane Satrapi décide de prolonger l'aventure au cinéma en s'associant à Vincent Parronaud. Le film d'animation, présenté au festival de Cannes 2007 repart de la Croisette avec le prix du jury avant de séduire plus d'un million ½ de spectateurs dans les salles et d'être même nommé à l'Oscar du meilleur film d'animation.

La jeune femme aurait pu se reposer sur ses lauriers, donner une suite à son succès mais c'est dans une toute autre direction qu'elle se lance avec Poulet aux prunes, autres adaptation issue de ses planches dessinées. L'histoire très poétique de ce musicien ravagé par la destruction de son violon et attendant la mort ne séduira malheureusement pas le public ni la critique. Même sort pour La bande des Jotas, film quasi expérimental et foutraque, sorti en 2013.

Mais n'allez pas croire que ces revers commerciaux aient entamé le potentiel de Marjane Satrapi. Même les américains continuent de garder un œil attentif au talent de la créatrice. Disney lui a par exemple proposé de réaliser le blockbuster Maléfique avec Angelina Jolie ! Mais la franco-iranienne a décliné l'invitation, préférant se concentrer sur The voices que vous venez de voir, avant de s'attaquer à l'adaptation d'un best-seller, le roman de Romain Puertolas, L'extraordinaire aventure du fakir qui était resté coincé dans une armoire Ikéa !

Entre une adaptation de sa propre bande dessinée pleine de bonne volonté mais engluée dans des partis-pris formels trop chargés et n'atteignant que rarement la puissance émotionnelle du matériau d'origine (Poulet aux prunes) et un délire abscons au budget microscopique proche ...

Attention, OCNI ! Vous l'avez compris, cet acronyme désigne un film étrange, brillant, décalé et pour le moins hybride. J'en veux pour preuve sa double sélection au Festival International du Film de Comédie de l'Alpe d'Huez ainsi qu'au Festival International du Film Fantastique ...

Marjane Satrapi a été sélectionnée au festival d’Alpe d’Huez début 2015 (qui s’est déroulé du 14 au 18 janvier) pour son dernier film. Disons qu’au premier abord ça ne ressemble pas vraiment à la réalisatrice de Persepolis d’être sélectionnée dans un festival ...