TU CHOISIRAS LA VIE

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Les Cédrats sont une espèce d'agrumes à part. Là où l'on consomme généralement la chair des citrons, c'est avant tout l'écorce de celui-ci qui est utilisée. Une inversion des codes qui nourrit forcément le premier film réalisé par Stéphane Freiss.  

Tu choisiras la vie remet en question la foi d'Esther, juive orthodoxe de plus en plus troublée par Elio, l'agriculteur italien chez qui sa famille vient pratiquer la rituelle cueillette des cédrats en préparation, selon la tradition, de la fête religieuse de Soukkot. De son côté, lui, vit de moins en moins bien, d'avoir dû marcher dans les pas de son père, en reprenant malgré lui l'exploitation familiale...  

Tu choisiras la vie ne vise pourtant pas à faire le procès des excès des religions, ni à les résoudre par un pitch de drame romantique. Plus finement, Freiss explore des empêchements universels, face au poids des conventions ou des tabous. Même si filmée avec fièvre, la rencontre entre Esther et Elio ne se résume pas à un coup de foudre : Tu choisiras la vie préfère observer, avec pertinence, un autre tourbillon, celui des orages moraux qui menacent le libre arbitre de tout un chacun. 

 
Dans le même genre vous pouvez trouver M (Le parcours saisissant de Menahem, juif ultra-orthodoxe ayant décidé de rompre avec son milieu religieux) ou encore A SERIOUS MAN (Comme Tu choisiras la vie, ce film à part des frères Coen, suit la crise existentielle d'un professeur juif).

Stéphane Freiss fait partie du paysage du cinéma français depuis le début des années 80. Et pourtant, il y a quelque chose d'insaisissable dans une carrière menée dans un refus des cases, cet acteur ayant navigué entre comédies et drames, cinéma populaire et films d'auteurs, aussi à l'aise chez Agnès Varda que chez Dany Boon, François Ozon ou Philippe de Broca. Il n'est du coup pas surprenant que pour son premier film, il ait abordé la question des choix de vie, de la capacité à suivre ses désirs où qu'ils mènent.  

Tu choisiras la vie est pour autant traversé par des courants plus souterrains, celui d'une maturité naturelle gagnée avec les années : Freiss qui avait fait le choix de devenir acteur pour s'émanciper du poids écrasant de l'Histoire sur sa famille, victime des persécutions contre les juifs durant la seconde guerre mondiale, a décidé avec son premier long-métrage de réalisateur de revenir à cette source, éclaircir ce qu'il n'avait pas pu appréhender enfant, lorsque sa mère cherchant l'apaisement dans la spiritualité s'est mise à mener une vie ultrareligieuse. Freiss en a nourri une part agnostique qui s'incarne pleinement dans Tu choisiras la vie, film qui ne veut pas être stigmatisant ni culpabilisant, mais simplement admettre que rien n'est figé dans une existence, qu'une lecture unique des choses ne mène qu'à la stagnation. Esther et Elio se reflètent dans leur expérience d'une crise existentielle, mais elles n'ont pas les mêmes origines. Elle voit sa foi se fissurer alors qu'elle a construit sa vie sur les rites, lui ne parvient pas à se libérer d'une promesse faite à son père...  

Le choix de parler du judaïsme orthodoxe avait poussé Freiss à initialement situer Tu choisiras la vie en Israël, avant d'estimer qu'il lui fallait un terrain plus neutre ce sera l'Italie, suite à la découverte d'un reportage sur le pèlerinage annuel en Calabre d'une famille de Loubavitchs qui pour respecter un passage du Talmud, où Moïse demande d'aller cueillir les Cédrats pour les ramener en terre sainte. Un choix judicieux quand la lumière estivale naturelle des Pouilles, transposa Tu choisiras la vie, dans un endroit aux airs de… Jardin d'Eden. 

J'étais dans le désespoir le plus profond après le film que j'avais vu trois jours auparavant (L'amour et les forêts) non pas que le sujet ait été désespérant ou inédit, puisqu'au même moment un pilier de l'équipe de France de rugby était condamné ...

Un film absolument lumineux, sensoriel et d’une grande humanité constitué de silences plus forts que les mots, de regards et battements de cils plus puissants que les gestes, et de détails épidermiques éloquents. Chaque parcelle de peau filmée délivre un message. Ces peaux ...

Esther (Lou de Laâge) est en plein naufrage, sa foi la quitte, et elle ne supporte plus une vie regentée par sa religion si stricte, qui lui dicte quoi faire, chaque jour, chaque heure, et qui aimer. Elio (Riccardo Scamarcio) quant à lui a le poids de l'héritage, une ferme ...