LA TERRE DES HOMMES

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Il était une fois Constance (Diane Rouxel), la fille d’un agriculteur (Olivier Gourmet) qui avec son fiancé (Finnegan Oldfield) entend reprendre l’exploitation de son père et la sauver si possible de la faillite. Mais pour cela, il faut s’agrandir, investir et s’imposer face aux grands exploitants qui se partagent la terre et le pouvoir. Constance obtient le soutien de l’un d’eux (Jalil Lespert). Il a le bras long et il a du charisme, dont il va abuser lorsqu’il comprend que l’avenir de Constance est entre ses mains...  

Parmi les nombreux films sortis sur le monde agricole, celui-ci est le premier à surfer sur la thématique #metoo, en mettant en scène une jeune femme malmenée dans un monde d’hommes. Ancien enfant acteur, Naël Marandin dont La Terre des hommes est le second long métrage, s’est intéressé à l’univers de l’élevage en tournant un segment documentaire pour un spectacle. Fasciné par ce travail d’immersion où la spéculation prévaut, il se concentre alors sur la place des femmes dans le secteur et pose les bases de son scénario.  

Son personnage principal, le réalisateur l’imagine en battante d’un genre taiseux, capable d’encaisser sans jamais rien montrer. Diane Rouxel avait déjà joué un personnage bousculé dans un milieu masculin comme peut l’être la Marine Nationale dans le film Volontaire, au côté de Lambert Wilson. Elle a commencé sa carrière en 2014 dans The Smell of us de Larry Clarke où elle tient un rôle des plus sulfureux, avant d’enchaîner avec La Tête haute d’Emmanuelle Bercot qui lui valait une nomination au César du meilleur espoir féminin.

 
Dans le même genre vous pouvez trouver AU NOM DE LA TERRE (2019) (Où Edouard Bergeon trouvait le ton juste entre réalisme et enjeu dramatique pour dire le quotidien d'un agriculteur.) ou encore PETIT PAYSAN (2017) (Le film d'Hubert Charuel a ouvert la porte au cinéma en prise avec la terre et ceux qui la font vivre.).

Le thème de la violence sexuelle (déjà évoqué par Naël Marandin dans La Marcheuse, son premier long) est traitée avec pas mal de subtilité et échappe aux clichés. Avec la complicité de ses deux co-scénaristes, Naël Marandin illustre fort clairement la notion d’abus, en montrant une femme qui sans se débattre ou crier se trouve bel et bien violée. Ensuite, c’est dans la manière dont elle se sert de sa plainte pour reprendre la main dans ses négociations, que réside l’originalité du propos. Cette jeune femme se refuse en victime, et terrasse son agresseur qui croyait pouvoir disposer d’une jeune femme comme d’une pièce de bétail.  

Dans la phase de préparation du film, Diane Rouxel et Finnegan Oldfield ont passé plusieurs semaines dans le Brionnais, dans le sud de la Bourgogne, chez un couple d’éleveurs afin d’apprendre le métier et se familiariser avec les animaux. Le réalisateur avait le souhait d’inscrire son récit dans le réel, tournant non pas dans des fermes désaffectées mais bien dans des structures agricoles en activité, avec le concours d’éleveurs, comme durant la scène tournée dans un marché aux bestiaux à Saint-Christophe-en-Brionnais.

Dans une arène où sont présentées les bêtes, éleveurs et acheteurs s’observent, luttent et manigancent pour tirer les cours à la hausse ou à la baisse. Les petits fermiers côtoient les patrons d’élevages industriels sous le regard des spéculateurs, des engraisseurs ...

Décidément ça ne va pas fort dans le monde paysan tel qu’il est représenté à travers le cinéma ces dernières années. Après les galères d’un jeune éleveur dans le troupeau est touché par la maladie dans Petit paysan (2017) et Au nom de la terre (2019) avec Guillaume ...

Être éleveur en 2020 c'est déjà une montagne de problèmes, mais être jeune éleveuse, c'est la double-peine. C'est en assistant à une vente de bœufs que Naël Marandin s'est rendu compte que sur les soixante-dix négociants, il n'y avait que deux femmes : la tenancière ...