DE L'OR POUR LES CHIENS

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Esther, 17 ans, refuse de voir que son histoire d’amour avec Jean n’est pour lui qu’une aventure d’un été. La saison finie, elle quitte les Landes pour le rejoindre à Paris. Elle doit rapidement faire face à une réalité cruelle et se retrouve seule à errer dans la nuit parisienne sans savoir où aller…

« Je suis de plus en plus lassée que l’on continue à nous faire croire que les filles ne se libèrent que par l’accès à la sexualité », déclare Anna Cazenave Cambet. Portrait d’une adolescente à la recherche de soi, De l’or pour les chiens est son premier long métrage. Le film s’ouvre sur une longue scène d’amour mais les scènes de sexe ensuite se feront fort discrètes. Le cheminement d’Esther, l’héroïne, s’inscrit à rebours de bien des « coming of age movies » récits de passage à l’âge adulte.

Dans le rôle de cette jeune femme, Tallulah Cassavetti, pratiquement l’âge du rôle au moment du tournage, fait ses premiers pas au cinéma. Corentin Fila, qui avait débuté dans Quand on a 17 ans d’André Téchiné, lui donne la réplique et, le temps d’une séquence courte mais marquante, Julie Depardieu campe la mère de l’héroïne.

 
Dans le même genre vous pouvez trouver AMERICAN HONEY (Cette histoire de jeune femme en rupture avec sa famille et en quête de liberté a été une des références pour la réalisatrice) ou encore DANS LES TÉNÈBRES (Almodovar fait découvrir à une jeune chanteuse la vie d'un couvent pas comme les autres).

De l’or pour les chiens est clairement construit en deux parties distinctes. La première est largement filmée en extérieurs, dans des espaces ouverts au soleil, la seconde dans le huis clos d’un monastère parisien. Ces deux blocs correspondent à deux formes de fascination, explique Anna Cazenave Cambet,« celle d’Esther envers les autres et celle des sœurs pour cet autre qui est Dieu. La réalisatrice  ajoute : « si on est attentif à tout ce que ces religieuses se racontent, notamment le monologue de la jeune sœur à la fin, on comprend qu’elles sont dans un rapport de grand érotisme, d’attente par rapport à un être qui manque, auquel elles pensent sans cesse, pour lequel elles prient. Cette attitude obsessionnelle est très proche du rapport amoureux adolescent. »

La cinéaste a veillé à traduire visuellement l’évolution du personnage d’Esther à travers des choix affirmés en matière de lumière et de cadre. Passée par une école de photo avant d’intégrer l’école de cinéma de la Femis, elle a choisi le format du scope, parce qu’il lui a permis de rendre pleinement justice à l’espace, témoin de l’état du personnage à chaque étape de son parcours. Elle reconnaît qu’elle a eu aussi un « plaisir inouï » à filmer le paysage du Sud-Ouest où elle a grandi. Avec son chef-opérateur Kristy Baboul, elle a fait évoluer son cadre progressivement vers l’épure, en tendant vers le noir et blanc. Certaines couleurs quittent ainsi l’image, à partir de l’arrivée au monastère.

D’une durée de 7 minutes, la séquence du monologue de soeur Laetitia constitue un véritable morceau de bravoure. « C’est un pari d’imposer une telle longueur », reconnaît  Anna Cazenave Carbet qui se définit elle-même comme une spectatrice qui ne s’ennuie pas. «  J’ai beau être de ma génération, passionnée de clips et être tout le temps greffée sur mon téléphone, j’ai un plaisir intellectuel immense à accepter qu’on m’impose une durée. » De fait, que représentent 7 minutes au regard des trois ans passés sans parler pour son personnage ? Lors du casting, la comédienne Ana Neborac a convaincu la cinéaste dès qu’elle s’est lancée dans ce monologue. L’actrice, d’une grande exigence, a fait deux retraites pour préparer son rôle.

De L'Or Pour Les Chiens nous fait suivre Esther, ce qui signifie (pour faire court) "cachée", mais aussi la myrte, dont la forme d'étoile nous renvoie au grec : aster, "étoile", c'est beau ? Esther est une héroïne du Livre, reconnue pour être une femme d'une grande piété, ...

La vision et l’incarnation de l’amour qu’est le personnage d’Esther ✅ Sa mélancolie ❤️‍???? La scène de danse dans le bar ✅ L’errance et le refuge qu’on y trouve aussi ✅ Le couvent comme retraite féministe où le monde et ses agressions n’existent ...

J’ai eu la chance de le voir en avant-première avant que les règles culturicides du deuxième confinement ne reportent sa sortie. De l’Or pour les Chiens est un très, très beau film. Déjà, sur la forme, car chaque plan, de l’Atlantique à Belleville, est d’une beauté ...