TATAMI

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Tatami est le premier documentaire à nous permettre de suivre, en immersion, l’entraînement de l’équipe de France de judo lors des préparatifs d’un championnat du monde. Et si la réalisatrice Camille de Casabianca a pu décrocher l’autorisation de tourner ce film, c’est parce qu’elle connaît bien le judo et retrouvait régulièrement des champions lorsqu’elle suivait des compétitions ce qui lui a permis d’obtenir la confiance des entraîneurs.

Coachés par Stéphane Traineau et David Douillet, Larbi Benboudaoud, Djamal Bourras, Frédéric Demontfaucon et bien d’autres champions sont filmés alors qu’ils préparent les championnats du monde de Munich. Loin d’un « portrait de gladiateurs », la cinéaste s’attache à montrer ces athlètes de haut niveau dans leur quotidien.

« On a tous accepté d’ouvrir notre jardin secret commun en fait parce qu’on avait confiance, tout simplement, a déclaré David Douillet à la sortie de Tatami. « Ce qui est décrit dans ce film, ajoutait-t-il, c’est ce que j’ai vécu pendant quinze ans en tant qu’athlète, c’est ce que je vis aujourd’hui, en tant qu’entraîneur, avec mes copains. »

 
Dans le même genre vous pouvez trouver WHEN WE WERE KINGS (La préparation de la rencontre historique entre deux fameux boxeurs deux poids lourds : Mohammed Ali, alias Cassius Clay, et George Foreman, en 1974.) ou encore LA LÉGENDE DU GRAND JUDO (Une réalisation d'Akira Kurosawa autour des débuts du judo au Japon à la fin du XIXe siècle).

« Hajime, Ippon waza-ari… »  le vocabulaire du parfait judoka n’a pas de secret pour Camille de Casabianca qui s’est lancée dans la pratique de cet art martial alors qu’elle écrivait le scénario de son film Vive nous, dans lequel où elle campe une jeune femme amoureuse d’un prof de judo. La réalisatrice s’est passionnée pour ce sport et confie : « Ça a l’air bête, mais comme je pèse quarante-cinq kilos, ça m’a donné rudement confiance en moi » ! Le judo l’a d’ailleurs aidée à filmer en lui permettant de ne pas se contracter, tout en restant concentrée en permanence, prête à réagir pour saisir avec sa caméra les moments importants.

Le plus difficile quand on tourne un documentaire c’est souvent de trouver la bonne distance. Camille de Casabianca reconnaît qu’au début des prises de vues elle a eu du mal à trouver sa place, à s’intégrer à cet univers. Peu à peu la glace va fondre. Les sportifs constatant qu’elle s’investit totalement dans son travail et ne ménage pas sa peine, considèrent son projet avec respect. Une complicité s’établit. Mais, derrière sa caméra, la réalisatrice maintient une certaine distance : quand ils l’apostrophent, se tournent vers la caméra, elle ne leur répond pas et ferme même son oeil libre. Habitués à sa présence, ils finiront par l’oublier complètement.

Au départ, la réalisatrice avait choisi de centrer son film sur Larbi Benboudaoud, qui était le grand favori de la compétition, le champion en titre. Lorsque, contre toute attente, le judoka s’’est fait battre, elle a vécu un grand moment de solitude, de désespoir. Cet échec ne s’inscrivait pas dans la logique imaginée. Mais un peu  plus tard, elle a eu soudain un déclic et s’est dit qu’il était bien plus fort dramatiquement qu’il perde. Elle explique que « la défaite est intéressante aussi. Car, pour moi, le vrai gagnant, c’est le judo. Ce qui compte, c’est l’échange, la prospérité mutuelle, en un mot… la rencontre. » Au bout du compte, elle trouve que « le film est plus fort avec cette fin, parce qu’il prend sa défaite royalement. »