FUREUR

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Pour son quatrième long métrage en 10 ans, Karim Dridi a installé ses caméras dans la communauté asiatique du 13ème arrondissement de Paris pour y raconter une version contemporaine de Romeo et Juliette.

Samuel le Bihan joue Raphael Ramirez, un ancien boxeur d’origine espagnole reconverti comme entraîneur. Les choses se compliquent lorsqu’il tombe amoureux d’un Chinoise qui doit malencontreusement se marier avec Tony, un ancien adversaire de Raphael. Les tensions et les rivalités de toutes sortes s’accumulent jusqu’à l’inévitable explosion.

Karim Dridi, qui a lui-même écrit le script, a fait en sorte d’éviter les stérétotypes et de donner aux personnages même les plus antipathiques des nuances qui les rendent humains. Par ailleurs, Dridi dépeint une commuauté très variée, dans laquelle toutes les nationalités du sud-est asiatique sont représentées. Contrairement à ce que les affiches de l’époque pouvaient suggérer, le film est à voir davantage comme un mélodrame que comme un film d’action.

 
Dans le même genre vous pouvez trouver CHINA GIRL (Même transposition de l'histoire de Romeo et Juliette dans les quartiers chinois et italien de New York.) ou encore FIGHTER (L'histoire d'un boxeur et de son frère qui l'entraîne pour passer professionnel.).

D’origine tunisienne, Karim Dridi s’est intéressé dès son premier long métrage Pigalle au sort des immigrés et à l’influence du métissage dans l’évolution de la population, et, même s’il n’en fait pas le sujet principal de ses films, il s’en sert comme d’un contexte fort pour raconter des histoires variées. "Avec du recul, je m'aperçois que je suis toujours motivé par le même désir : donner ma vision d'une France métissée. Je suis convaincu que notre pays s'enrichit des différences et qu'il n'existe point de salut en-dehors de la diversité."

C’est encore le cas ici, lorsqu’il utilise pour toile de fond la communauté asiatique du XIIIème arrondissement de Paris. Il montre comment les coutumes et traditions asiatiques dictent la conduite de ses habitants.  Le mariage arrangé d’un fils de caïd local avec une jeune Chinoise apporte un piment dramatique puissant à une histoire qui aurait été plus banale si elle s’était limitée à une rivalité amoureuse. La jeune Chinoise dont s’éprend le héros immigrant espagnol est jouée par Yu Nan, dont Fureur était la seconde expérience dans un long métrage. Il lui a valu un prix d’interprétation au festival du cinéma asiatique de Deauville en 2003.

Un autre élément contextuel est celui de la boxe, et, bien que le film comporte peu de scènes de combat à proprement parler, le tournage a quand même nécessité un entraînement sérieux. Stephane Ferrara, le thaïlandais Samart Payakarun et l’ancien champion du monde de boxe thai Jo Prestia, accessoirement célèbre pour son rôle du "Ténia" dans Irréversible, ont entraîné les comédiens et jouent également dans le film.

De son côté, l’entraînement de Samuel le Bihan s’est soldé par deux côtes cassées, sans compter des contusions au nez, aux pommettes et aux yeux. Fureur a représenté la France en sélection officielle au festival de Berlin en 2003.