MR NOBODY

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Le Huitième Jour était sorti en 1996. Il aura fallu de nombreuses années d’écriture à Jaco van Dormoel, cinéaste révélé par Toto le héros, pour aboutir en 2009 à Mr. Nobody, projet européen très ambitieux de plus de 30 millions d’euros. Son point de départ vient d’un de ses premiers courts métrages, E Pericoloso sporgesi : un enfant sur le quai d’une gare. Il doit choisir entre suivre sa mère dans le train qui démarre et rester à quai avec son père, suite à leur divorce. Une infinité de vies possibles découle de ce choix difficile.

Ce conte philosophique sur les notions de choix et de hasard, sur le doute prend lui aussi une multitude de formes et de traitements. A commencer par un cadre futuriste puisque Nemo Nobody se réveille d’une hibernation en 2092, vieillard âgé de 118 ans, vedette d’une sorte de Truman Show. Il est le dernier mortel vivant, dans un monde où le renouvellement sans fin des cellules a rendu l’humanité immortelle. Van Dormoel choisit un entrelacement complexe des différents flashbacks, illustrant l’infinité des vies, réelles ou complètement fantasmées, de Nobody. Son écriture complexe donne le vertige, joue à perdre le spectateur, présent dans la narration sous la forme d’un journaliste interrogeant Nobody et revenant plusieurs fois sur les incohérences de ses récits.

Le cinéaste s’attache à créer trois univers distincts correspondants à trois femmes possibles de la vie de Nobody, avec trois codes de couleurs, trois sentiments. L’amour fou, symbolisé par Anna, filme le fusionnement des personnages. La dépression d’Elise s’exprime par leur distance dans le cadre ; le choix de la caméra à l’épaule nous plonge dans un drame réaliste. La vie de luxe avec Jeanne, que Nobody n’aime pas vraiment, joue sur les hors-champs. Van Dormoel s’est tout autorisé, puisque l’infinité des vies justifie l’infinité des genres et des codes narratifs. Des ruptures de tons peu communes dans le cinéma européen, passant aussi bien de la violence d’une exécution sommaire de film noir à la féérie d’un voyage sur Mars d’un blockbuster de science-fiction.

 
Dans le même genre vous pouvez trouver L'EFFET PAPILLON ou encore THE TRUMAN SHOW .

A Venise, le film emporta le prix la meilleure contribution technique et artistique. Il est vrai que le travail sur les décors est remarquable, dû à la décoratrice Sylvie Olivé qui recréa les ambiances des années 60 à 80. Le monde futuriste de 2092, où le blanc domine, par contraste avec l’enfance de Nobody où toutes les couleurs cohabitaient, fut supervisé par le dessinateur François Schuitten, célèbre pour sa série des Cités obscures, décrivant des mondes parallèles aux architectures précises.

Cette réussite formelle est aussi le résultat d’un parfait montage financier, brassant avec la même qualité un casting international. On se souvient de la performance de l’Américain Jared Leto dans Requiem for a Dream, en junkie. Aimant se transformer physiquement, jusqu’à perdre une trentaine de kilos pour interpréter l’assassin de John Lennon dans Chapitre 27, il livre une interprétation subtile des différents Nobody. De Troie dans lequel elle incarnait la reine de Sparte à Inglorious Bastards de Tarantino, l’ex-mannequin allemande Diane Krüger se montre aussi convaincante dans le registre plus quotidien qu’est celui d’Anne. Sarah Polley, réalisatrice et comédienne canadienne, déjà vue chez Cronenberg, joue Elise, rôle complexe puisque son mal-être ne trouve aucune explication, expression terrifiante d’une folie qui rend les personnages impuissants.

Signalons aussi la Vietnamienne Linh-Dan Pham, qui mène essentiellement sa carrière en France depuis Indochine de Régis Wargnier, et le père de Nemo, Rhys Ifans, acteur anglais et père de Luna dans la saga de Harry Potter. Cinéaste fidèle, Van Dormoel offre un clin d’œil amical à Pascal Duquenne, le comédien trisomique du Huitième jour. Mr. Nobody réussit la gageure d’être un film aux effets spéciaux étourdissants sans pour autant sacrifier les comédiens. Une sorte de superproduction intimiste et métaphysique. Est-ce qu’un inconnu à l’autre bout de la planète a changé sans le savoir le cours de votre vie en faisant cuire un œuf ?

Bon, mon avis ne peut être que très contradictoire. Je n'ai aucune idée de la note a mettre a ce film. Il a été une torture émotionnelle pendant deux heures et la fin a été un véritable soulagement. Mais commençons par le début : c'est un film esthétique. Ca fait parti ...

Bien entendu on peut reprocher à ce film son trop plein de tout à la limite de l'overdose par instants, sa quasi-kitscherie. Bien entendu la partie SF n'est pas maîtrisée et Jaco van Dormael aurait mieux fait de s'atteler à ce qu'il sait faire : la mise en images des sentiments. ...

Je ne crois pas que l'on puisse juger un film comme "Mr. Nobody" autrement que sur la philosophie qu'il propose. Bien entendu, d'autres aspects coexistent toujours, comme la beauté plastique des plans ou leur dynamique, le jeu des acteurs ou la richesse du scénario, et "Mr. Nobody" ...