MOI, DANIEL BLAKE

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C’est sur un scénario de Paul Laverty, son fidèle complice depuis 1995 et Land and Freedom, que Ken Loach mit en scène Moi, Daniel Blake, son 26e long métrage de fiction. A 79 ans, et après avoir prématurément annoncé la fin de sa carrière après Jimmy's Hall, en 2014, l’auteur de Family Life et de Looking for Eric se sentit comme obligé de reprendre du service.

La campagne de dénigrement systématique menée par une certaine presse britannique contre tous les bénéficiaires de l’aide sociale fut à l’origine de sa décision. C’est ainsi que naquit ce film, portrait d’un menuisier anglais de 59 ans, victime de problèmes cardiaques ainsi que de l’inhumaine et ubuesque bureaucratie. Bien que son médecin lui ait interdit de travailler, il va, en effet, se voir signifier par l’administration – qui sous-traite la sale besogne au privé – l’obligation d’une recherche d’emploi, sous peine de sanction !

Bientôt, il fera la connaissance de Katie, mère célibataire avec deux jeunes enfants qui a été contrainte d’accepter un logement à 450 km de sa ville natale pour ne pas être placée en foyer d’accueil. Ensemble, ils vont tenter de s’en sortir. Difficile de rester insensible à leur épuisant combat quotidien. Le jury du 69e Festival de Cannes – présidé par George Miller – ne le fut pas (insensible), qui attribua au film de Ken Loach : la Palme d’or 2016.  

 
Dans le même genre vous pouvez trouver SANS TOIT NI LOI (1985) (Portrait d’une jeune femme seule, retrouvée morte dans un ravin.) ou encore UNE ÉPOQUE FORMIDABLE (1991) (Il s’appelle Michel Berthier, il est sans emploi et sans toit.).

« Le cinéma est porteur de nombreuses traditions, lança Ken Loach lors de son discours de remerciement sur la scène du Palais des festivals cannois. L’une d’entre elles est de présenter un cinéma de protestation, un cinéma qui met en avant le peuple contre les puissants, j’espère que cette tradition se maintiendra. » Longuement applaudit, comme l’avait été la projection de son film, le cinéaste avait conclu son allocution d’un remarqué : « Un autre monde est possible et nécessaire. » Pour la treizième fois en compétition officielle à Cannes, Ken Loach remportait cette deuxième Palme d’or à l’âge de 79 ans – un record ! –, dix ans après celle obtenue pour le Vent se lève ; sans parler des nombreux prix également glanés sur la croisette, dont le prix du jury pour Secret défense, Raining Stone et la Part des anges ; le prix d’interprétation attribué à Peter Mullan pour My Name is Joe ; ou encore le prix du meilleur scénario pour Sweet Sixteen en 2002.

L’infortuné héros du film que vous venez de voir est incarné par Dave Johns, un comédien britannique connu pour ses one man shows bourrés d’humour et d’improvisation ainsi que pour ses régulières apparitions télévisées depuis le milieu des années 1990. Ken Loach, qui s’était lancé à la recherche d’un comédien « sensible et nuancé » ayant aussi le sens de l’humour, découvrit son futur interprète, grâce à un mail adressé par Dave Johns, lui-même, et ainsi rédigé : « Je suis humoriste et j’ai déjà joué quelques rôles. On m’a dit que vous recherchiez quelqu’un. Je n’ai pas de CV, mais vous pouvez consulter mon site web ». C’est ainsi que la rencontre se fit.

Malgré sa Palme d’or et les autres prix reçus à Locarno, San Sebastian ou Vancouver, ce nouveau Ken Loach ne fit pas l’unanimité. Si pour la Croix, il s’agit d’"une œuvre magnifique et bouleversante" et pour le Monde de "l’un des plus beaux films de Ken Loach", le magazine Première n’hésitera pas à écrire : "Il s'agit tout simplement d'un ratage, un vrai, qui s'inscrit dans la continuité de ce que produit le réalisateur anglais depuis une décennie." Pour rester sur une note positive, bien qu’un peu surprenante, on retiendra l’appréciation de l’anonyme chroniqueur du magazine Voici, qui affirma bizarrement : "Ne pas aimer ce film humaniste serait un peu comme gifler un bébé phoque."

La droiture. Voici le mot - au sens propre comme au sens figuré - qui vient à l'esprit pour qualifier le personnage de Daniel Blake. Car il n'est pas question pour ce menuisier au chômage en lutte avec les services sociaux de baisser les bras, ni de mollir du genou. Daniel a ...

Je vous demande pardon d'avoir décroché cette palme d'or qui aurait dû revenir à un véritable Artiste de l'esbroufe et de la pseudo subtilité niaise. Je m'excuse en m'aplatissant de vous avoir montré dans toute sa violence la réalité, avec les moyens ...

Je viens de voir "Moi, Daniel Blake", le dernier Ken Loach, honoré par une Palme d'Or au dernier festival de Cannes et conspué quasi unanimement par la critique, et en particulier celle de gauche.. et je me sens particulièrement en colère. Pas (seulement) contre le système ...