SORRY WE MISSED YOU en VOD
- De
- 2019
- 98 mn
- Drame
- Belgique | France | Royaume-Uni
- Tous publics
- VM - HD
1 MIN AVANT
L’uberisation de la société avec son économie de petits boulots, dessine une nouvelle forme d’exploitation de l’homme par l’homme. Et ce sont les dégâts collatéraux qu’elle provoque au sein des familles, qui sont au centre de ce film de Ken Loach sorti à l’automne 2019. Le meilleur de sa carrière ? Certains se sont posé la question. Dans tous les cas, le film illustre la capacité du maître anglais à se renouveler, tout en restant fidèle à ses valeurs humanistes.
L’entrée en matière est une merveille. Sur fond d’écran noir, c’est d’abord cette voix off masculine, qui égrène la foule de petits jobs qu’il a dû faire en catastrophe depuis la faillite de la banque qui gérait ses maigres économies. Quand l’image s’éclaire et s’anime, on découvre que notre homme - Ricky - est en train de se vendre à une sorte de contremaître, gros bras, crâne rasé, qui lui assène à la suite son couplet pipeau et frelaté sur les avantages d’intégrer sa société de transport “sans contrat” où il aura une camionnette et la possibilité d’être “tout de suite” son propre “patron”. Tout ça, bien sûr, tant qu’il respectera les exigences que réclame la livraison à domicile. Et elles sont innombrables ce que Ricky ne sait pas encore.
Le duo Ken Loach-Paul Laverty était de retour trois ans après leur Palme d’or pour Moi, Daniel Blake et il frappait très fort ici, avec une énergie nouvelle et une écriture fluide. Personne ne pouvait imaginer que la description de cette nouvelle forme d’esclavage serait source d’autant de romanesque. Car derrière ce forçat de travail, si digne et si impuissant aussi, il y a une femme inouïe - Abby, soignant à domicile - et deux enfants, otages des cadences infernales de papa-maman et pourtant bordés d’amour. Loach, 82 ans, appelle une nouvelle fois à ne pas capituler. Mais avec une foi en ses semblables et une modernité narrative qui rendent ce film précieux.
Dans le même genre vous pouvez trouver BAIT (Sorti presque en même temps en Grande-Bretagne, le film de Mark Jenkin raconte le quotidien d'un pêcheur sans bateau, conduit à servir de capitaine à des touristes.) ou encore MOI, DANIEL BLAKE (Trois ans auparavant, Loach nous racontait le quotidien de deux chômeurs malmenés par les services sociaux. La solidarité s'imposait ici aussi au sein d'un couple.).