LES PONTS DE SARAJEVO

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Présenté en séance spéciale hors compétition lors du Festival de Cannes 2014, Les Ponts de Sarajevo est une œuvre collective produite dans le cadre du centenaire de la première guerre mondiale. Centré autour de la ville de Sarajevo, chaque segment de ce film est relié par de courtes séquences d’animation aux teintes sépia qui travaillent la figure du pont avec bras tendus, mains reliées ou livres assemblés, signées par François Schuitten et Mata Almeida.

Parmi les treize réalisateurs, le seul vétéran du cinéma est Jean-Luc Godard, qui livre un court (et un cours) magistral et conceptuel, engagé et littéraire autour de l’image et du mensonge, reprenant certains éléments de son court métrage de 1993, Je vous Salue Sarajevo.
Tous les autres réalisateurs font partie de la jeune génération et n’ont que quelques films à leur actif, comme la portugaise Teresa Villaverde  (Os Mutantes, Transe), le documentariste italien Saverio Di Costanzo, la comédienne et réalisatrice française Isild Le Besco (Charly, Bas fonds)… Il y a du noir et blanc et de la couleur, de la fiction et du documentaire, des images arrêtées et du mouvement, des rêveries et des cauchemars.

Ces treize regards, si différents, ces treize manières de raconter si hétéroclites forment un tout ambitieux, un kaléïdoscope d’émotions, forcément inégales mais toujours nourries. La réflexion que génère la vision des Ponts de Sarajevo, au-delà des qualités cinématographiques, est essentielle car ce film lutte contre l’oubli et nous ouvre grands les yeux. 

 
Dans le même genre vous pouvez trouver RETOUR À LA VIE DE COLLECTIF (1949) (Film à sketches réalisés par différents metteurs en scène (André Cayatte, Henri-Georges Clouzot, Jean Dréville, Georges Lampin) autour du thème de l’après-guerre 1939-45) ou encore UNE HISTOIRE DE FOU DE ROBERT GUÉDIGUIAN (2015) (Film réalisé, comme Les Ponts de Sarajevo, à l’occasion d’un triste centenaire, celui du génocide arménien en 1915.).

La tradition du film à sketches encore appelé film à segments ou film omnibus est aussi vieille que le cinéma lui même avec les moyens métrages à épisodes réunis ensuite en un programme tels Les Vampires de Louis Feuillade ou Intolérance de David Wark Griffith qui propose quatre visions autour d’un même thème à travers les âges.

En 1937, avec Un Carnet de Bal, Julien Duvivier emmène son personnage féminin à la recherche des jeunes gens avec lesquels elle a dansé vingt ans auparavant : bien que liée par le fil rouge de la nostalgie chaque partie est une histoire en elle-même. Mais c’est surtout après guerre que le genre se généralise avec un ou plusieurs réalisateurs, autour d’un sujet, d’un acteur ou de différents points de vue.

Bien qu’on trouve des exemples en Grande-Bretagne (Au cœur de la nuit, 1945), en France  (Retour à la vie, 1949) ou aux Etats-Unis (La Sarabande des pantins, 1952), on a tendance à le considérer comme un genre tout italien. Et il y a, c’est vrai dans ce pays, pléthore de films, de Nous, les femmes aux Monstres en passant par Bocace 70, ou Les Sorcières. La France n’a jamais été en reste, avec Dragées au poivre (1963), Les Sept Péchés capitaux (1962), Paris vu par  et des coproductions telles que L’Amour à vingt ans (1962), ou  Les Plus Belles escroqueries du monde (1964).

Si le genre s’est perdu dans les années 1980 devenant compilation de films d’horreur aux Etats-Unis et au Japon, ou bout à bout de courts métrages d’animation pour enfants en France, quelques films collectifs centrés autour de thèmes contenus dans leurs titres réapparaissent toujours ça et là  comme New York Stories (1989), Eros (2004), Chacun son cinéma (2007), 11’09’’01 (2002); Les Contes de l’âge d’or I et II (2009), ou Les Infidèles (2012).

Il ne s'agit pas vraiment d'un documentaire. Les 13 films, de styles très variés, sont pour la plupart des fictions. Contrairement à ce que dit la présentation du film, ils ne s'attardent pas sur la place prise par la ville dans l'histoire, s'intéressant davantage au conflit ...