LE PIÈGE

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Ce MacKintosh Man, Le Piège en français, s’inscrit dans une longue tradition, qui a connu des hauts et des bas: le film d’espionnage.
Mais le MacKintosh dont il s’agit là, n’a bien sûr rien à voir avec la société Apple, qui en 73, n’existait pas encore. Ici pas d’ordinateur, pas de téléphone portable, on fait tout à la main. Les messages secrets sont transmis dans des crayons creusés, on s’échappe des prisons à l’ancienne, en bricolant, on se poursuit en voiture à ses risques et périls, on téléphone de cabines publiques, en passant par l’opératrice, on se bat à main nues sans artifices sonores...
C’est aussi l’époque où on tourne volontiers en décors naturels : ici, on verra un peu de Londres, mais aussi une belle poursuite en voiture sur la côte irlandaise, ainsi qu’un aperçu ensoleillé du port de La Valette, sur l’île de Malte.
Et bien sûr, on verra Paul Newman, alors au sommet de sa carrière, opposé au peu égalable James Mason, aussi impeccablement british que parfaitement pervers. Entre les deux, une surprise du chef, à la française, la présence étonnante et diaphane de Dominique Sanda. Le tout, sous l’œilleton parfois je-m’en-foutiste d’une des plus grandes gueules d’Hollywood, monsieur John Huston, à qui nous devrons toujours African Queen, Asphalt Jungle ou Le Trésor de la Sierra Madre. Ajoutons à cela le jeune Walter Hill au scénario, dix ans avant qu’il ne réalise 48 Heures, le film qui allait lancer les carrières d’Eddie Murphy et de Nick Nolte.
Et bien sûr, vous reconnaîtrez la musique de Maurice Jarre au premier coup d'oreille.
Alors non, un générique pareil, ça ne se refuse pas.

 
Dans le même genre vous pouvez trouver LE SERPENT ou encore JUGE ET HORS-LA-LOI .

En tant que scénariste, Walter Hill avait signé l’année d’avant, en 72 donc,  un scénario qui est davantage resté dans les mémoires, celui de Guet-Apens, film de bad cops et de voleurs, signé Sam Peckinpah avec Steve McQueen et Ali MacGraw, objet de nombreuses dévotions et d’un remake. Il est vrai que le roman d’origine était signé Jim Thompson.
Après Guet-Apens et Le Piège, Hill, toujours lui, signait le scénario d’un film très réussi de Stuart Rosenberg, La Toile d’araignée, sorti en 75 accompagné d’une musique inoubliable de Michael Small et dont le détective héros était incarné, comme on se retrouve, par Paul Newman. C’était d’ailleurs la seconde fois qu’il incarnait le flegmatique privé Lew Harper, un personnage créé par le romancier Ross Macdonald et déjà porté à l’écran en 66 par Jack Smight. Le film de 66 s’appelait Harper (Detective privé en français), et Newman y avait pour partenaire une certaine Lauren Bacall, qui en la matière, en avait vu d’autres, et du meilleur, en côtoyant, à l’écran comme dans son lit, mister Humphrey Bogart.
D’une façon générale, les années 60 auront été une bonne décennie pour Newman puisqu’il y inscrira à son palmarès des grands succès ou des classiques comme Exodus d’Otto Preminger, L’Arnaqueur de Robert Rossen, Doux oiseau de jeunesse d’après Tennessee Williams, ou Le Rideau déchiré de Hitchcock, ainsi qu’une rafale de westerns dépoussiérants : Hud, Hombre, Luke la main froide et Butch Cassidy et le Kid, où son association en tête d’affiche avec Robert Redford fut sans doute l’événement le plus important de l’année 69 avec... ? oui, avec la conquête de la Lune.
D’ailleurs, la même année que Le Piège, en 73, il retrouvait Redford dans L’Arnaque, de George Roy Hill, film dont l’histoire à traquenards et la musique ragtime sont restées dans les mémoires.
Signalons enfin qu’un an avant ce Piège, Newman avait déjà tourné pour Huston. Ca avait donné un drôle de western un peu parodique, qui s’appelait Juge et Hors-la-loi, The Life and Times of Judge Roy Bean. En fait, c’est cette histoire qui a inspiré l’album Le Juge de Lucky Luke et c’est ce film qui nous a fait faire la connaissance de Victoria Principal, avant qu’elle ne devienne la bombe Pamela dans l’ineffable série Dallas.