REPRISE EN MAIN

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« Fond de pension » : vous entendez ou lisez régulièrement ces quelques mots à la rubrique économie mais, disons-nous les choses, vous en ignorez peut-être la signification exacte. Etant comme vous, je suis allé chercher dans « La finance pour les nuls » et voilà ce que j’ai trouvé : un fond de pension gère et détient un portefeuille d’actifs financiers (actions ou obligations) qu’il peut acheter ou vendre et dont il reverse les bénéfices à ses propriétaires...

C’est exactement ce qui va se passer pour l’entreprise de mécanique où travaille Cédric dans le film qui va suivre. La société est vieillissante, donc en danger et devient la proie des spéculateurs d’un fond de pension. Cédric va avoir l’idée de racheter l’usine en se faisant passer avec ses amis pour un groupe d’investisseurs !

Pierre Deladonchamps, Laetitia Dosch ou Gregory Montel mènent ce thriller ouvrier qui prend parfois les accents d’une vraie comédie sociale, signée par le documentaliste Gilles Perret qui passe pour la première fois à la fiction...

 
Dans le même genre vous pouvez trouver DISCOUNT (Si ton entreprise ne te satisfait pas ou si tu es mécontent du système, pourquoi ne le changerais-tu pas de l'intérieur en en détournant les règles ?) ou encore LA TRES TRES GRANDE ENTREPRISE (Quand les petits poissons deviennent à leur tour de gros requins... Deux visions de la lutte des classes qui flirtent avec la légalité !).

Nous avons tous un jour ou l’autre eu cette réflexion après une journée de travail : l’entreprise (quelle que soit sa taille) est un incroyable résumé de la société... Un mini-monde où l’on retrouve le pire comme le meilleur de l’Humanité. Pas étonnant donc que le cinéma y pose régulièrement ses caméras, « Reprise en main » n’étant que l’énième exemple du genre. En France, Louis-Julien Petit est un des orfèvres en la matière. Dès son premier film, « Discount » en 2015, il a posé la pierre angulaire de son modèle de cinéma : la comédie sociale. Cette histoire d’employés d’un supermarché low-cost organisant un magasin clandestin pour protester contre l’installation de caisses automatiques dans le leur, méritait franchement le détour. Une sorte de « Ocean’s eleven chez Leaderprice » qui connut un très beau succès public et offrit à Corinne Masiero ses galons d’actrice populaire...

Louis-Julien Petit est en cela un disciple de Ken Loach : le cinéaste britannique creuse certes un sillon souvent plus sombre mais certains de ses films sont aussi parvenus à nous arracher quelques sourires entre deux larmes de révolte : « Moi, Daniel Blake » sa deuxième Palme d’Or obtenue à Cannes en 2016 en est l’illustration parfaite, portrait émouvant et (parfois) drôle d’un menuisier veuf souffrant de problème cardiaques, obligé de se confronter pour la première fois aux méandres de l’aide sociale outre-Manche...

On peut aussi citer le travail de Pierre Jolivet qui avec « Ma petite entreprise » puis « La très très grande entreprise » s’est penché sur le sujet en montrant comment les petites mains pouvaient se retrouver aux avant-postes et prendre leur destin en main face à l’appétit dévorant de la finance... Dans un registre plus sombre, il faut aussi voir ou revoir « Ressources humaines » de Laurent Cantet, « Le couperet » de Costa-Gavras, « Rien de personnel » de Mathias Gokalp ou encore le triptyque social de Stéphane Brizé : « La loi du marché », « En guerre » et « Un autre monde » avec Vincent Lindon...

Même dans ses précédents films documentaires, Gilles Perret nous offrait du bon, du très bon cinéma. Avec cette première fiction, c’est un film délicieux qu’il nous propose : une histoire forte servie par un scénario efficace, une parfaite alternance des rythmes et ...

Après huit documentaires ouvertement engagés, se penchant sur le monde de l’entreprise (« Ma Mondialisation », 2006, « De Mémoires d’Ouvriers », 2012), les idéaux de la Résistance (« Walter, Retour en Résistance », 2009, « Les Jours heureux », 2013), l’histoire ...

Gilles Perret - dont les principaux faits d'armes se retrouvent plutôt dans le documentaire - s'essaie avec ce film à la comédie sociale, façon british. S'il lui manque un peu la pointe d'humour et le sens du gag de certains réalisateurs d'outre-manche, ...