BLOOD SIMPLE (VERSION RESTAURÉE)

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Premier long métrage réalisé par les frères Coen, Blood Simple est à ce titre un morceau d’histoire du cinéma, le premier acte d’une filmographie qui a marqué le cinéma américain, indépendant tout autant qu’hollywoodien. Et, de fait, bien des éléments des films suivants des auteurs sont là, le plus évident étant la présence dans le rôle principal de la future épouse de Joel Coen, actrice fétiche du duo et star oscarisée de Fargo, Frances Mc Dormand.

L’actrice n’est pas le seul indice des exploits à venir des Coen, et du succès de Fargo. Blood Simple investit en effet, ici pour la première fois, un terrain similaire, celui du film noir à la fois violent et absurde, mélangeant éclats de sang et de rires, à travers l’histoire d’un couple adultère confronté au privé engagé par le mari trompé.

Ce coup d’essai est placé sous l’ombre de deux fantômes : l’écrivain Dashiell Hammett, pour le ton et l’écriture intensément noire, ainsi que le metteur en scène Alfred Hitchcock, dont la célèbre phrase sur l’immense difficulté de l’acte de tuer, une tâche longue, sale et douloureuse pour le cinéaste anglais, est à l’origine du film en entier, ainsi que de sa séquence la plus célèbre et éprouvante en particulier.

Restauré en 1998 par les frères Coen, le film comporte quelques aménagements plutôt mineurs quoique nombreux, une scène dans le bar, des scènes entre Ray et Abby. D’autres scènes ont été raccourcies conduisant à une durée de la nouvelle plus courte de 3 minutes par rapport à la version originale.

 
Dans le même genre vous pouvez trouver LE FACTEUR SONNE TOUJOURS DEUX FOIS (Parce que ce film reste l'une des plus célèbres adaptations de Jim Thompson, écrivain dont l' ambiance, le style et les personnages furent une influence majeure de Blood Simple) ou encore LA FIÈVRE AU CORPS (Parce que ce film est l'un des plus beaux fleurons du néo film noir des années 1980, courant auquel Blood Simple se rattache sur bien des points.).

Lorsque les Coen se lancent dans l’aventure de leur premier long métrage, Blood Simple, ils n’ont pas grand-chose pour soutenir leur projet. Si Joel Coen, le cinéaste officiel du duo, a bien été assistant réalisateur sur plusieurs clips, son principal point d’entrée dans le cinéma américain demeure Sam Raimi, rencontré lors du tournage du premier Evil Dead. Ce dernier est alors loin des triomphes hollywoodiens des Spider Man. Il est par contre le maître du tournage débrouillard et de la réalisation spectaculaire, obtenus grâce à des bouts de ficelles, des budgets restreints. C’est en s’inspirant de cette bonne école que les frères abordent leur projet.

Blood Simple est donc un pur long métrage indépendant, entièrement financé loin des grands studios. Les Coen ont breveté une méthode simple : ils utilisent une fausse bande-annonce, qu’ils ont réalisé eux-mêmes, pour lever des fonds, n’hésitant pas à se déplacer personnellement chez des investisseurs privés, armés de leur petit film, et d’un projecteur, pour convaincre le plus de personnes possibles de participer, même de manière la plus modeste. Une démarche patiente, qui leur permet de récolter finalement, à la dure, leur budget, complété par un long tournage en 1982, et une postproduction difficile s’étalant sur pas moins d’un an. 

Blood Simple ne sera pas un vrai succès commercial. Son atmosphère de film noir poisseux, ses références aux grands auteurs et romans noirs, de Hammett à Jim Thompson, n’étaient pas vraiment dans l’air du temps des années 1980. Mais il sera un impressionnant succès critique, présenté à Sundance, Toronto et Cannes. Un film de toutes les premières également : première prestation de la future Mme Coen, Frances Mc Dormand, première musique de film de Carter Burwell, qui va ainsi démarrer une belle carrière de compositeur pour le cinéma. Un triomphe qui va ouvrir aux deux frères les portes d’Hollywood, qui y parviendront dès leur long métrage suivant, Arizona Junior, avec Nicolas Cage et Holly Hunter.

“The world is full o' complainers. An' the fact is, nothin' comes with a guarantee.” (voix off liminaire) Au commencement était le sang. Blood Simple, acte de naissance des frères Coen, grave au couteau dans des peaux burinées la marque de fabrique de deux comparses qui ...

Abby a bien du mal à supporter son mari Juan Marty propriétaire d'un bar assez douteux au niveau de la fréquentation. A l'occasion de son anniversaire celui-ci a eu l'idée dévastatrice d'offrir un joli pistolet nacré à sa charmante épouse. Juan Marty n'ignore pourtant pas ...

Les frères Coen, en tant qu'entité indissociable, génies du cinématographe de l'Amérique des paumés qui prennent leur vie en main, celle de Ronald Reagan, éclosent avec Blood Simple. Ils sont deux et l'un débute les phrases que l'autre termine. Et inversement. Ils chemineront ...