FARGO

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Autant le dire tout de suite, le Dakota du Nord n’est pas le plus réputé des Etats Unis d’Amérique. Un territoire majoritairement rural, au climat plutôt rude, frontalier du Canada, bordé par des réserves d’Indiens et dont le nom d’ailleurs vient d’une des tribus Sioux qui, bien avant l’arrivée de l’homme Blanc, peuplaient son territoire… 

C’est dans les paysages enneigés de ce Dakota du Nord que vont nous entrainer Ethan et Joel Coen pour un de ces thrillers absurdes et violents dont les deux frangins ont fait leur marque de fabrique. Vous allez y reconnaitre leur actrice fétiche, Frances McDormand, sous la doudoune d’une policière enceinte, chargée d’enquêter sur la disparition apparemment crapuleuse d’un concessionnaire automobile véreux, incarné par William H Macy. 

C’est cruel, burlesque, désespéré et franchement irrésistible avec dans le rôle de petites frappes d’anthologie incarnées par Steve Buscemi et Peter Stormare… 

 
Dans le même genre vous pouvez trouver L'ENLEVEMENT (Un rapt est toujours une affaire délicate à négocier,surtout pour les proches de la victime : que ce soit l'homme ou la femme qui ait été kidnappé...) ou encore WIND RIVER (Une enquête policière n'est jamais chose simple mais les choses peuvent encore se compliquer quand il faut en plus composer avec une nature froide et hostile...).

Fargo avait fait sensation en 1996 au Festival de Cannes. Le 6e long métrage des frères Coen y faisait l’ouverture mais concourait également en compétition : il est d’ailleurs reparti avec le très envié Prix de la Mise en Scène avant de connaitre un formidable succès en salles et de remporter deux Oscars, ceux du scénario original et de la meilleure actrice pour Frances McDormand. Ce film rassemble en 98 minutes tout ce qui fait le cinéma si reconnaissable d’Ethan et Joel Coen. 

Depuis leurs débuts derrière une caméra en 1984 avec Sang pour sang, le duo creuse une veine qui a fait sa renommée : camper des crétins d’anthologie dont la stupidité concourt souvent à leur perte… Un autre de leurs summums en la matière fut atteint en 2008 dans Burn after reading avec Brad Pitt, George Clooney, John Malkovich et une nouvelle fois Frances McDormand dans un thriller d’espionnage barjot où s’entretuent des James Bond de sous-péfecture ! Arizona Junior, Miller’s crossing  Barton Fink ou The big Lebowsky, ces deux-là ont parsemé leur filmographie comme on cultive un jardin botanique, n’hésitant pas à y planter des exercices de style étranges.

Une comédie musicale inspirée par « L’odyssée » d’Homère dans O’Brother en 2000, un thriller policier sanglant dans No country for oldmen en 2007 qui révéla au monde entier le génie de Javier Bardem en tueur implacable, un western remake de Cent Dollars pour un shériff intitulé True grit en 2010, leur plus gros succès public à ce jour. Ou encore une parodie réjouissante du Hollywood des années 50, oppressé par la bien-pensance et le maccarthysme, Ave Cesar en 2016. 

Sans oublier une pure merveille sur le talent, les regrets et les occasions ratées Inside Llewyn Davis, premier grand rôle d’Oscar Isaac en 2013 et Prix du Jury à Cannes cette année-là. La Croisette où les Coen sont parmi les plus primés : 5 trophées majeurs à ce jour dont la Palme d’Or et le Prix de la Mise en Scène en 1991 pour Barton Fink… 

Fargo, c’est avant tout une ligne droite, cette saignée grisâtre dans la neige qui trace avec une mélancolie infinie une direction unique, aussi tragique que pathétique. Les protagonistes ont beau faire tous les détours possibles, comme William H. Macy par ses circonvolutions ...

En grand fan juvénile de Steve Buscemi, j'ai découvert "Fargo" à l'âge de treize ans et le verdict fut sans appel: je me suis fais chier comme un rat mort, n'y trouvant pas la violence décomplexée que je cherchais. Devant les encouragements de mon frère ainé qui jurait ...

Un grand classique des frères Coen vu tardivement (et à la rigueur tant mieux), ce qui me permet d’apprécier pleinement sa cruelle ironie, son cynisme pourtant non exempt d’une lueur d’espoir ; et de me rendre à l’évidence quant à l’indiscutable —pour ne pas ...