AFFREUX, SALES ET MÉCHANTS

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Amis du bon goût, passez votre chemin. Car Affreux, sales et méchants est son contraire. À savoir, dans un bidonville à Rome (qui a vraiment été occupée jusqu’en 1977), une grande famille se déteste autant qu’elle s’aime. Elle s’entasse dans une baraque délabrée au sommet duquel le patriarche veille sur son million de lires (la monnaie italienne avant l’Euro) avec la trouille de se le faire voler. Et c’est peu dire que le sieur est un sale type. À vrai dire, tous sont des êtres peu fréquentables. Et pourtant.

Pourtant, Ettore Scola, maître du portrait de la société italienne, d’Une journée particulière à Nous nous sommes tant aimés, raconte sans fard l’extrême pauvreté en Italie. Il voulait, à l’origine, réaliser un documentaire. C’est finalement vers la comédie grinçante qu’il se tourne. On se croirait plus du côté de Pier Paolo Pasolini. Et pour cause, ce dernier devait ouvrir le film par une préface parlant du sous-prolétariat. Malheureusement, Pasolini est assassiné juste avant le tournage.

De mort et de sang, il en est justement question dans Affreux, sales et méchants. Des abats, des coups de poings, des tentatives d’assassinats : Scola n’idéalise rien, ne fait pas passer de message ripoliné. Et c’est ce contraste qui est saisissant : en rejetant finalement ces êtres vils, on comprend mieux leur désarroi, leur besoin de survie et le piège sociétal dans lequel ils sont enfermés.

C’est peu dire qu’Affreux, sales et méchants fut un échec commercial, malgré son prix de la mise en scène à Cannes. Trop dérangeant, le film regarde dans les yeux l’Italie des années 1970, et le monde capitaliste dans son ensemble. Il ne montre pas de corps uniformisés, filme des prostituées, des pimbêches, des obsédés sexuels, il ne masque pas les jurons et les mauvais sentiments. Et pourtant, une musique lancinante nous le dit : il y a du bon en eux, à nous de les regarder sans mépris, avec empathie et sans condescendance. Malaisant mais puissant.

Nous sommes dans une baraque sordide construite de planches vermoulues située au milieu d'un bidonville avec vue sur le Vatican. C'est dans ce cadre ignoble que vivent comme de véritables gorets Giacomo, le patriarche et sa nombreuse tribu : femme (s), enfants, gendres, belles ...

Ce film est irritant. Il peut mettre mal à l'aise. Voir la misère montrée aussi cruement n'est pas anodin. L'absence de toute morale peut s'avérer choquante. Plus je le vois, plus il agit comme du poil à gratter en plus de se comporter comme un pavé révolutionnaire lancé ...

1 million de Lires pour ce visage balafré à la chaux et cet oeil crevé. Voilà ce que l'Etat Italien à donné à Giacinto pour le dédommager. Voilà ce qui va nouer l'intrigue de cette histoire sordide. Qui va élever ce bidonville oublié de l'humanité et ces personnages ...