VISIONS

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Rien n’enthousiasme plus Yann Gozlan que les individus bien sous tout rapport qui perdent les pédales. C’était déjà le cas dans Un homme idéal (2015), dans lequel un écrivain volait le manuscrit d’un inconnu avant d’être rattrapé par son escroquerie, et Boîte noire (2021), qui suivait le lent délitement mental d’un enquêteur chargé de faire toute la lumière sur un accident aérien. Avec Visions, le réalisateur français creuse un peu plus son sillon, reprenant le motif de l’aviation et celui de la folie qui guette. 

Son héros est cette fois une héroïne, Estelle Vasseur, pilote de ligne à l’hygiène de vie irréprochable. Smoothies, sport, formation continue, vol long courrier et on recommence : cette femme ne laisse rien au hasard. Mais lorsqu’elle croise Ana, une photographe qui a été son amante vingt ans plus tôt, avant de l’abandonner, cette machine parfaitement huilée se grippe. Estelle dort de plus en plus mal et ne sait bientôt plus clairement distinguer ses rêves, ses cauchemars et la réalité. Les choses s’aggravent encore lorsqu’Ana ne donne plus de nouvelles et qu’Estelle se met en tête qu’il lui est arrivé malheur. 

Dans sa manière de naviguer entre hallucinations, paranoïa et durs retours sur terre, Visions est très clairement bercé par une inspiration hitchcockienne. Yann Gozlan joue sur le décalage entre la rationalité froide que requiert le métier de pilote, avec ses tests permanents, ses simulations et ses examens médicaux, et le flou qui entoure une Estelle Vasseur peu à peu trahie par ses sens. Le résultat est un thriller psychologique maîtrisé et envoûtant.

 
Dans le même genre vous pouvez trouver NE LE DIS À PERSONNE (Parce que vous allez connaître le même suspense haletant.) ou encore TROIS FEMMES (Le long-métrage de Robert Altman est l'une des sources d'inspiration de Yann Gozlan pour Visions.).

Difficile, en voyant Visions, de ne pas penser à Sueurs froides. Le film d’Alfred Hitchcock semble infuser dans le cinéma de Yann Gozlan depuis le générique, qui reprend le motif de l'œil et une musique à la fois inquiétante et romantique, jusqu’à la fin en bord de mer, qui rappelle Kim Novak regardant la baie de San Francisco. Partageant avec son modèle le même amour du brouillage des frontières entre l’hallucination et la réalité, la folie et la froideur cartésienne, le réalisateur français emprunte aussi au giallo italien, à Brian De Palma ou à David Lynch dans sa mise en scène, faite d’éclairages brutaux et colorés dans l’obscurité, et organisée autour de maisons trop modernes pour être des foyers rassurants. 

Yann Gozlan soigne d’ailleurs chacun de ses plans. Avec une remarquable fluidité, le cinéaste joue des reflets dans les miroirs, des intérieurs propres et froids, donc menaçants, des vitres qui séparent les personnages et de la fausse chaleur de cette Côte d’Azur baignée de soleil. Le soin apporté à la photographie du film n’a d’égal que le travail sur le son (déjà au cœur de Boîte Noire). Sujette à de violents acouphènes, Estelle est aussi souvent filmée comme asphyxiée, et les aller-retours constants de la caméra sur et sous la surface de l’eau, en mer comme dans la luxueuse piscine des Vasseur, accentue cette impression d’étouffement.

Pour mener à bien son ambitieuse entreprise, Yann Gozlan s’entoure de comédiens chevronnés. Quelque part entre le mari idéal et la figure masculine inquiétante et possessive, Mathieu Kassovitz participe à l’atmosphère trouble de Visions. Mais c’est surtout Diane Kruger qui impressionne en femme au bord de la rupture. De pilote déterminée à frêle lapin pris dans les phares, l’actrice parvient à n’être ni la copie ni l’antithèse de la blonde hitchcockienne, mais bien un prolongement moderne de cette figure. On pourrait même ne regarder Visions que pour elle tant, chaque fois que le film semble tenté par une surdose de complexité, elle est celle qui le fait toujours retomber sur ses pieds.

Fort du succès de Boite Noire (que je n’ai pas vu à l’heure où j’écris ces lignes), Yann Gozlan est de retour avec un nouveau thriller, genre qu’il affectionne tout particulièrement. Pour ma part, j’avais plutôt bien aimé Un Homme Idéal il y a quelques années. ...

Honnêtement ce film est une très bonne surprise. Je n’avais pas mis énormément d’attente en lui, et pourtant il m’a montré que j’avais tort. L’ambiance dans lequel nous plonge ce film est sombre, lugubre et sinistre. Pourtant cette atmosphère pesante n’est en ...

Repost Letterboxd:J'avoue que je ne comprend pas trop ce qu'il s'est passé autour de ce film avec les critiques mais tous ce que j'ai lu sur LB ce sont seulement des remarques misogynes et/ou homophobes. Alors que pourtant le film a un vrai potentiel. La mise en ...