UN LONG DIMANCHE DE FIANÇAILLES

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Jean-Pierre Jeunet a découvert le roman de Sébastien Japrisot Un long dimanche de fiançailles en 1991, juste après Delicatessen. Même s’il a adoré le livre à l’époque, il n’aurait jamais pensé l’adapter. D’autant qu’il ne voyait pas quelle actrice pourrait jouer Mathilde.

Sa rencontre avec Audrey Tautou pour Le fabuleux destin d’Amélie Poulain a été déterminante. Pendant la promotion de ce film, il a fait lire le roman de Japrisot à la comédienne qui l’a adoré. Coup de chance, c’est la Warner qui en détenait les droits et elle voulait justement investir dans une superproduction française. Dès lors la candidature de Jean-Pierre Jeunet paraissait idéale.
Lui qui avait dû se battre pour imposer ses choix artistiques à ses producteurs hollywoodiens d’Alien 4 : la Résurrection, explique avoir eu cette fois carte blanche. Il a pu ainsi faire appel devant et derrière la caméra à de fidèles collaborateurs. L’acteur Dominique Pinon comme le monteur Hervé Schneid ont travaillé avec lui sur ses cinq longs métrages. Mais le directeur de la photographie Bruno Delbonnel est aussi un de ses proches. 25 ans avant d’éclairer Amélie Poulain, il avait travaillé à ses courts métrages d’animation. 

A l’origine, Jeunet avait prévu un rôle plus long que celui du détective pour Ticky Holgado, mais les assurances ont refusé, l’acteur étant trop malade. Il est d’ailleurs décédé peu après avoir bouclé ses scènes. Ce film a valu à Marion Cotillard un César de la meilleure actrice dans un second rôle, alors que Gaspard Ulliel décrochait la statuette du meilleur espoir masculin. Trois autres Césars ont récompensé les costumes, les décors et la photographie du film.

 
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Adapter le roman de Japrisot Un Long Dimanche de fiançailles a permis à Jean-Pierre Jeunet d’aborder frontalement un sujet qui le passionne : la Première Guerre Mondiale. A treize ans, il avait déjà lu Les Croix de bois, La Peur, Orage d’acier et tous les classiques littéraires traitant de cette période. C’est dans ces pages bien connues qu’il a cherché le son des obus à reproduire. Concernant les images, il s’est inspiré de photos d’époque, adoptant le plus strict réalisme pour toutes les séquences de guerre.

Dans ce but, il a fait aménager un terrain de vingt hectares dans lequel il a creusé 200 mètres de tranchées, des trous d’obus et fait installer des arbres arrachés. Les tranchées étroites, remplies d’eau et de boue étaient conçues pour résister aux six semaines de tournage. En revanche l’humidité de la pluie a compliqué la première semaine de prises de vues en extérieurs en altérant les parties électroniques des caméras.

Jeunet a pris aussi un plaisir évident à reconstituer le Paris des années 10 et 20. Notamment le trou des Halles, la place de l'Opéra, le Palais du Trocadéro tel qu'il était pour l'exposition universelle, la gare du Nord et la gare d'Orsay quand elle était encore une gare… Autant de lieux reconstruits ou aménagés grâce à la magie du numérique. Très souvent les scènes dans ce type de décor étaient tournées devant des écrans bleus, avec l’aide de techniciens de l'agence Duboi, spécialisés dans ce genre d’effets spéciaux, et le concours de véritables géomètres chargés de simplifier le rajout, dans la même image, de différents éléments au moment de la post-production. De même, le numérique a autorisé des jeux avec la couleur qu’aucun filtre n’aurait permis. C’est ainsi que dans la chambre de Mathilde, Jeunet a pu détacher le mauve du dessus de lit dans une image monochrome.

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