UN HOLOGRAMME POUR LE ROI

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Réalisé en 2016 par le cinéaste allemand Tom Tykwer, Un hologramme pour le roi est l’adaptation d’un best-seller de Dave Eggers, écrivain américain à succès, publié chez Gallimard dans la collection « Du monde entier ». Son intérêt pour les nouvelles technologies aboutit au roman Le Cercle dénonçant les dangers totalitaires de l’Internet. Mais ici, l’hologramme n’est qu’un prétexte pour le portrait d’un cadre supérieur quinquagénaire récemment divorcé, écrasé par la culpabilité d’un plan social brutal qu’il a mené dans une entreprise. Alan Clay doute de ses capacités professionnelles, se sent perdu dans ses relations avec sa fille et est gagné par la dépression.

Son arrivée à Jeddah, en Arabie Saoudite, est un choc des cultures. Désemparé par les difficultés à rencontrer le roi, auprès duquel il doit vendre un projet de technologie par hologrammes, il découvre une métropole d’affaires à moitié construite, au milieu du désert, et le désoeuvrement. Il noue une amitié avec un chauffeur de taxi local qui lui ouvre les yeux. L’apparition d’un kyste dans le dos lui permet de rencontrer une doctoresse saoudienne pour laquelle il éprouve un coup de foudre. Au pays des mirages, dont l’hologramme est la transparente transposition, l’amour et l’amitié seront des forces plus tangibles.

Tout repose sur les qualités de jeu de Tom Hanks, idéal pour ce cadre en déroute stressé, prenant conscience de la vacuité de son job, et même de la prédation inhérente au capitalisme. Le looser n’est jamais loin, englué dans ses propres difficultés économiques, auxquelles s’ajoute une crise familiale, psychologique et sexuelle. Mais le parti-pris est celui de la comédie romantique. Alan Clay s’effondrant de tout son poids en cassant les chaises sur lesquelles il s’asseoit est un gag récurent qui ajoute une pincée de burlesque.

 
Dans le même genre vous pouvez trouver THE PERFECT CANDIDATE (De Haifaa Al-Mansour, 2019. AUtre portrait de doctoresse saoudienne bravant les interdits en Arabie Saoudite.) ou encore LA PLANÈTE DES SINGES (De Franklin J. Schaffner, 1968. Une parabole SF sur le choc des cultures.).

Amateur des romans de Dave Eggers, Tom Hanks est à l’origine du projet, embarquant avec lui le réalisateur Tom Tykwer, qui l’avait codirigé en 2012 avec les Wachowski dans Cloud Atlas. Tykwer s’était fait remarquer dans divers festivals avec Cours, Lola, cours et son adaptation du Parfum de Patrick Süsskind. Tykwer avait justement déjà travaillé avec le romancier sur une adaptation télé du Grand quoi. C’est lui aussi qui pousse le récit dans la dérision et son comédien dans la comédie.

Pour donner la réplique à sa vedette, Tykwer fait des choix judicieux. La doctoresse en hijab est incarnée par Sarita Choudhury, l’une des révélations de la série Homeland. Yousef, le chauffeur, est Alexander Black, un acteur d’origine égyptienne, venant du stand-up. Tykwer désirait un comédien peu connu, qui soit pour le public une nouveauté séduisante comme le personnage surgissant dans la vie d’Alan Clay.

Comme l’avait fait l’auteur, Tykwer effectue un voyage en Arabie Saoudite, reprend le même guide qui inspira Yousef, et visite Jeddah. Comme dans le scénario, le cinéaste est conduit accidentellement dans la ville sainte interdite aux non-musulmans. Il n’obtient aucune autorisation pour tourner en Arabie Saoudite, reconstituant KAEC, l’incroyable ville économique du roi Abdullah, au sud du Maroc. Le décorateur Uli Hanish a pu ainsi exagérer l’absurdité du gigantisme et l’isolement du modèle : quelques grands bâtiments et des routes reliées par des ronds-points, une immense tente noire, des immeubles en chantier et le monstrueux building administratif, avec le désert à perte de vue.

Comme il est dit dans la critique de Fatspooper, une belle petite surprise que ce film, regardé par curiosité, à cause de la présence de Tom Hanks, et d'une idée de base (un Américain envoyé en Arabie Saoudite pour négocier un contrat) dont on pouvait se demander ce que ...

Belle petite surprise ! L'intrigue est globalement assez chouette à suivre : l'auteur parvient à bien mettre en avant l'aspect absurde des situations et les exploite très bien. Les conflits sont nombreux, les personnages principaux sont bien écrits, bien caractérisés, les ...

En ces temps troubles où l'intolérance est de mise et le burkini à remettre à la remise, qu'il est touchant de tomber -par l'heureux hasard des téléchargements a-légaux- sur une heure trente d'humanité. Un américain en Arabie saoudite, on se dit "bonjour les clichés et ...