Le Miracle du Saint Inconnu est le premier long-métrage d’Alaa Eddine Aljem, qui fait suite à quatre courts réalisés entre 2008 et 2015. Ce natif de Rabat a étudié le cinéma dans la première école de cinéma que le Maroc a ouvert, à Marrakech. Après trois ans d’études, il se rend à Bruxelles et intègre l’INSAS. « J’y suis resté jusqu’en 2012, dit-il. J’ai tourné un court là-bas, j’en étais content, j’avais des possibilités en Belgique mais j’écrivais des choses qui se passaient au Maroc. Chez moi, il y avait quelque chose de naissant, j’avais envie de rentrer et faire partie de ce mouvement. » Il fonde à Casablanca Le Moindre Geste, sa société de production.
L’acteur qui joue le médecin est un acteur marocain très connu dans son pays, qu’on a pu voir notamment dans Retour à Bollène de Saïd Hamich en 2018. Quant à Younes Bouab, qui joue le protagoniste, il a joué dans Cannabis, la série Arte, ou Cheba Louisa, le film de Françoise Charpiat en 2013. D’autres comédiens du Miracle du Saint Inconnu sont en revanche débutants. Souvent identifiés par leur fonction et pas par leur nom ou leur prénom, les personnages ont été écrits comme des éléments d’une fable, des archétypes. « Je ne voulais pas aller chercher de l’émotion par un ressenti ou un arc narratif propre à chacun d’entre eux, dit Alaa Eddine Aljem. Les situations devaient suffire. » Ainsi, c’est une interprétation très physique et un visage très expressif qui a été demandé aux acteurs pour, je cite, « intérioriser les ressentis et les émotions et jouer avec les silences et les temps morts ».
La colline où Alaa Eddine Aljem a tourné son film, il la connaissait bien pour y avoir tourné à quatre reprises. À chaque fois qu’il y revenait, c’est-à-dire tous les trois ans environ, c’était un peu plus construit, un peu plus accessible, un peu plus équipé en eau et en électricité et au final, c’est devenu un endroit franchement touristique… avec « cette colline au milieu, surplombant toutes les autres, avec une très belle vue », explique-t-il aux journalistes de Bande à part. « C’était tout un défi de rendre cet effet d’aridité. On a beaucoup triché. Dès qu’on tournait la caméra de cinq centimètres à droite, on voyait un groupe de touristes allemands en train de danser sur des dromadaires. À cinq centimètres à gauche, c’était une course de motocross. Sans parler du son ! Aucune paroi, rien qui bloque le son. Il suffisait que quelqu’un parle de l’autre côté pour l’entendre très proche. Extrêmement dur d’avoir le silence. »