TOUT EST PERMIS

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Quand Jean Girault réalisait en 1973 sa potacherie pelliculée le Permis de conduire, le permis à points n'existait pas, il ne naîtrait que 20 ans plus tard. Depuis sa création en juillet 1992, ce permis à vocation pédagogique pousse le conducteur à manier sa bagnole sans se prendre pour Vin Diesel dans les Fast & Furious. Danger oblige. Mais quand on perd des points après quelques infractions au code de la route, la vie de certains s’en trouve un peu chamboulée.

La réalisatrice Coline Serreau  - elle même marquée par un passage dans un stage de récupération de points -  a  donc interviewé des "conducteurs du dimanche" (comme on dit) qui s’expriment  avec hargne ou drôlerie sur  leurs méfaits. A travers ce documentaire enlevé, Tout est permis dresse aussi un  portrait en biais de la société française ou la voiture semble être pour certains le centre de leur vie.

On y découvre des personnages (des chauffeurs routiers à des propriétaires de voiture de luxe) en proie à leur individualisme et leur machisme dés qu’ils ont un levier de vitesse à portée de main et qui essayent (pour la plupart) de se justifier sur leur envie de vitesse absolue ou de prise d’alcool au volant. Coline Serreau allant, au final, au delà du simple discours didactique et du cours d’éducation civique en accrochant sa caméra sur ces personnages tous empreints d’une certaine humanité.    

 
Dans le même genre vous pouvez trouver L'EPINE DANS LE COEUR (Le réalisateur Michel Gondry dresse un portrait nostalgique de sa tante Suzette, institutrice dans les Cévennes des années 50 à 80, chez qui il passa une partie de sa jeunesse.) ou encore LE PERMIS DE CONDUIRE (Signé Jean Girault, réalisateur attitré des "Gendarme", une comédie populaire comme tant d'autres produites dans la France des années 70.).

Etudiante en Lettres, trapéziste à l’école du cirque d’Annie Fratellini et vaguement actrice (on l’aperçoit brièvement dans la Part des lions de Jean Larriaga et Sept morts sur ordonnance de Jacques Rouffio), Coline Serreau, fille de Jean-Marie Serreau, s’est fait un prénom en devenant réalisatrice dans les années 70. Notamment avec Pourquoi pas ! sorte de version modernisée  du Jules et Jim de François Truffaut et Qu’est ce qu’on attend pour être heureux ? comédie revendicatrice dans le milieu de la figuration. Mais c’est en 1985 que Coline Serreau marque le cinéma français en attirant 12 millions de spectateurs dans les salles avec Trois hommes et un couffin, récompensé dans la foulée par trois César dont celui du meilleur film.

Depuis, si elle n’a pas réitéré ce succès (y compris avec 18 ans après,  la suite réalisée… 18 ans après !) Coline Serreau a tourné d’autres comédies sociales à messages. Comme le chômage avec la Crise, l’écologie avec la Belle Verte ou le besoin de foi et de fraternité  avec St Jacques… la Mecque. N’obéissant à aucun plan de carrière, Coline Serreau a  confectionné Tout est permis, comme elle le dit, en "obéissant à une source profonde de choses que j’ai envie de dire". Au long d'un tournage sans moyen (il n’y avait pas de techniciens pour l’accompagner) Coline Serreau a emmagasiné 178 heures de rushes en gardant à l’écran, comme elle le précise encore, "uniquement ce qui était authentique".