POLINA : DANSER SA VIE

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Polina qui a pour sous-titre "danser sa vie" retrace une quête à la fois artistique et personnelle. Polina, une jeune Russe, a commencé très tôt la danse classique, sous la direction d’un professeur extrêmement exigeant. Son travail porte ses fruits puisqu’elle est admise au prestigieux Bolchoï. Mais un spectacle de danse contemporaine va la bouleverser et Polina choisit de quitter un chemin tout tracé pour entamer un parcours qui la mènera en France puis en Belgique.

Polina est d’abord une BD, ou plus exactement un roman graphique, signé Bastien Vivès, couronné par plusieurs prix. Au départ, l’auteur ne savait pas grand chose du monde de la danse. Le déclic s’est produit en découvrant une vidéo de la ballerine Polina Semionova, elle-même formée au Bolchoï.

Angelin Preljocaj et sa femme, Valérie Müller, qui signent cette adaptation cinématographique, connaissent bien, quant à eux, l’univers de la danse. Le fameux chorégraphe et sa compagne qui a tourné plusieurs documentaires sur ses ballets ont apprécié que l’ouvrage de Bastien Vivès décrive une femme très moderne qui vit pleinement sa passion sans être coupée du monde et qui sait faire la fête. "On voulait sortir des stéréotypes de la danseuse anorexique",  explique Preljocaj.

 
Dans le même genre vous pouvez trouver LES CHAUSSONS ROUGES (Une jeune ballerine tente d'intégrer un prestigieux ballet.) ou encore LES RÊVES DANSANTS, SUR LES PAS DE PINA BAUSCH (Comment la chorégraphe Pina Bausch monte son spectacle Kontakthof avec des adolescents qu'elle initie à la danse).

Anastasia Shevtsova qui incarne Polina débute ici au cinéma. La jeune Russe a été choisie après un casting de longue haleine. Entre les comédiennes avec des formations de danseuses dont le niveau de danse était insuffisant et les quelque 300 danseuses qui n’étaient pas assez bonnes comédiennes ou trop spécialisées dans le classique la recherche piétinait… Elle s’est poursuivie en Russie où parmi des centaines de candidatures, celle d’Anastasia Shevtsova s’est imposée. En plus de ses qualités de danseuse, les réalisateurs ont été séduits par sa capacité à dégager quelque chose de fort à l’image, un côté mystérieux. Ne restait plus à la jeune recrue qu’à apprendre le français…

Le choix de Juliette Binoche pour le rôle de la chorégraphe Liria coule de source quand on se souvient que la comédienne a créé avec le danseur Akram Khan un spectacle de danse en 2008. L’actrice qui s’est entraînée avec quelques membres du ballet Preljocaj a néanmoins eu la surprise pour la scène de l’audition, d’entendre Preljocaj lui demander de se mettre dans le champ et de montrer les mouvements, alors que ce n’était pas prévu. « Mais -dit-elle- c’est ça le cinéma, il faut y aller sans avoir peur. » De son côté,  Angelin Preljocaj a le sentiment que Juliette Binoche fait son métier d'actrice comme une danseuse. Il « trouve dans sa mentalité, son éthique, quelque chose qui se rapporte à la danse ». 

Dans les films qui ont nourri la préparation de Polina, Angelin Preljocaj cite le classique Les Chaussons Rouges, les comédies musicales avec Fred Astaire et Que le Spectacle commence de Bob Fosse. Valérie Müller ajoute Billy Elliot et Pollock de Ed Harris sur les rapports entre la vie et l’art. Quant à Black Swan, si les réalisateurs apprécient la dimension thriller, la partie dansée ne les a pas touchés. La danse n’y est qu’un prétexte alors que pour Polina, ils voulaient que tous les enjeux dramatiques soient liés à la danse. Et si l’écriture graphique de Bastien Vivès privilégie plutôt les cadres serrés, les réalisateurs ont opté pour une image en Scope. Ce format leur a permis de garder à l’image deux bras ouverts à l’horizontale mais aussi, pour les duos, d’avoir deux corps ensemble en plan large comme pour le duo final créé par Preljocaj  pour Anastasia Shevtsova.

Voilà un film sur la danse qui n’est pas classique. Polina danser sa vie raconte l’itinéraire d’une petite fille russe que ses parents, son père surtout, souhaitent voir devenir une grande danseuse. Quelques années plus tard, alors qu’elle peut intégrer le prestigieux ...

Même s'il s'agit d'un film dont le thème principal reste la danse, il se laisse regarder par tout public. Pour ma part, j'ai vu ce film comme un conte initiatique. Pourquoi aller chercher ailleurs qu'en soi sa vocation, ce pourquoi on est sur terre et la manière de le révéler. ...

Avant la projection de Polina, Danser sa vie, les autres membres du jury des jeunes du Festival du Film Français d’Helvétie et moi-même avions de grandes appréhensions quant à ce film qui nous était proposé en ce dimanche midi. Nous redoutions les clichés quasiment inhérents ...