PENTAGON PAPERS

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La presse traverse on le sait des heures difficile, confrontée à la désaffection de ses lecteurs, tentés par d’autres supports supposés plus modernes et accessibles… « Pentagon papers » de Steven Spielberg rend hommage à l’époque-reine des années 70, durant laquelle les grands titres papier régnaient en maîtres de l’information. C’était avant l’ère des tablettes numériques, réseaux sociaux et autres chaînes d’info en continu…

Le film retrace l’enquête minutieuse et pleine de rebondissement de journalistes du « Washington Post », en lutte avec leurs confrères du « New York Times » pour décrocher un scoop en forme de scandale d’Etat : la preuve que les différentes administrations de 1945 à 1967 ont volontairement menti sur l’utilité de la guerre du Viet-Nam et même la possibilité de gagner le conflit, continuant d’envoyer des milliers de jeunes GI’S se faire tuer au front…

Spielberg retrace l’affaire avec une maestria impressionnante, confiant à Tom Hanks et Meryl Streep les rôles forts de ces messagers de la vérité, confrontés aux menaces de l’équipe Nixon…

 
Dans le même genre vous pouvez trouver LE JOURNAL (Comment faire vivre un grand quotidien, confronté à la course au scoop, aux manipulations politiques et à son coût de fabrication ? A 35 ans d'intervalle, Ron Howard et Steven Spielberg livrent leurs visions complémentaires du dossier...) ou encore LES HOMMES DU PRESIDENT (Regardez bien la toute fin de "Pentagon papers" et revoyez le début des "Hommes du président"...).

Steven Spielberg est décidément un cas unique dans l’histoire du cinéma. « Pentagon papers » est un film que le réalisateur a réussi à caser dans son emploi du temps alors qu’il était en train de finaliser les effets spéciaux de « Ready player one », sa dernière superproduction. Résultat, les deux films sont sortis à quelques semaines d’intervalle ! Tous deux rendent d’ailleurs hommage à des époques disparues. Les années 80, dernière décennie de l’insouciance dans « Ready player one » et les années 70, celle de la prise de conscience citoyenne et du début de la fin du rêve américain pour « Pentagon papers ».

N’allez surtout pas y voir la plainte passéiste d’un homme vieillissant : En 2018 Spielberg reste le plus gamin de nos cinéastes mais il constate tout simplement le temps qui passe et préfère célébrer les grandes heures d’hier avant que la génération du virtuel ne les oublie… D’ailleurs dans « Pentagon papers », vous pouvez admirer comment, (avec tous les moyens modernes à la disposition d’un metteur en scène), il parvient à signer un film qui ressemble parfois plan pour plan à d’autres classiques comme « Les hommes du président » par exemple. Et puis sur le fond, à l’heure des « fake news » et autres attaques répétées de l’actuel locataire de la Maison Blanche, cette déclaration d’amour à la presse indépendante sonne comme une alerte indispensable. Spielberg d’ailleurs précise que ce tournage, qui n’était pas vraiment prévu dans son agenda déjà surchargé, s’est imposé à lui à la lecture du scénario. C’est donc en équipe et budget réduits qu’il s’est lancé dans l’aventure, convainquant Meryl Streep et Tom Hanks de le suivre…

Au-delà de son thème politique, le film s’inscrit également d’une autre manière dans l’air du temps : Katharine Graham, la propriétaire du « Washington Post » est la première femme à s’être opposée à ce niveau au pouvoir des hommes, imposant la publication de l’enquête scandale contre l’avis de son conseil d’administration exclusivement masculin…

Du Vietnam à la Maison-Blanche The Post cristallise brillamment le verbe comme ce nerf de la guerre au nom de la vérité. Cette vérité c'est l'information, ce flux incessant que l'on capte et libère, un mouvement qui traverse le temps et donc ici les images. A ce titre le ...

Plusieurs fois, pendant la séance, on ne surprend à penser que Pentagon Papers résonne d'une drôle de façon en ce début d'année 2018. On se surprend à penser, oui. Car on est littéralement absorbé par un tel sujet. Car Steven Spielberg n'a peut être jamais aussi bien ...

Tout juste après Lincoln et Le Pont des Espions, Steven Spielberg continue à mener son combat qui voit se défier l’humain et son aura démocratique face aux autorités. Avec son dernier film Pentagon Papers, c’est le destin de la liberté journalistique et de l’émancipation ...