MORA

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C’est l’histoire du type qui est là au bon moment...enfin « au bon moment », façon de parler ! Car dans « Mora », le film que vous allez maintenant regarder, le type en question aurait sans doute préféré être ailleurs à cet instant-là... 

J’explique : Mora, c’est un photographe de mode, tranquillement assis à la terrasse d’un café quelque part en Amérique du Sud où il est venu pour un shooting et qui assiste à un meurtre en pleine rue, là devant lui. Un assassinat dont il a le réflexe de prendre les photos... Clic-clac, l’affaire est dans le sac...mortuaire en l’occurrence car Mora va vite se retrouver embarqué dans une sordide affaire qui mêle politique, dissidence et danger mortel, les cadavres ayant rapidement tendance à s’amonceler autour de lui. 

Philippe Léotard, Ariel Besse et Patrick Bouchitey traversent avec fougue ce thriller français sorti en 1982... Il est signé Léon Descloseaux, réalisateur assez peu prolixe en terme de fiction mais qui a signé de nombreux documentaires consacré principalement au quotidien des policiers mais aussi à la cause environnementale...

 
Dans le même genre vous pouvez trouver BLOW OUT (Un photographe et un preneur de son présents sur les lieux d'un meurtre. Ils ne savant rien de ce crime mais ils en deviennent les témoins gênants...) ou encore BLOW UP (De Palma encore pour une histoire qui rejoint celle de Desclozeaux : deux photographes saisissant le bon cliché au mauvais moment...).

Au-delà de sa construction qui navigue entre le polar, le film politique et le thriller, « Mora » se penche une nouvelle fois au cinéma sur la figure du témoin gênant, celui ou celle qui a vu ce qu’il n’aurait pas dû voir... Ici, Philippe Léotard est un reporter qui travaille dans la mode mais son objectif, habituellement dédié au mannequins, va se transformer en témoin d’un meurtre, fixant sur la pellicule une exécution en pleine rue aux conséquences encore plus dramatiques... Même idée, même trame ou presque dans « Blow Up » de Michelangelo Antoinioni, où un photographe immortalisant un couple amoureux découvre en arrière-plan une scène de meurtre pour laquelle, à son tour, il va devenir une cible… En passant de l’image au son, on peut aussi se souvenir de John Travolta dans « Blow out » de Brian De Palma en 1981, incarnant un ingénieur du son qui enregistre sans le savoir le bruit d’un coup de feu lors d’un banal accident de voiture relevant finalement plus du meurtre et même du complot politique... 

Compliquons un peu plus encore l’affaire avec un enfant témoin d’un meurtre : c’est le cas dans le fort bien nommé « Witness » de Peter Weir en 1985, où Harrison Ford est un policier enquêtant sur un meurtre auquel a assisté un gamin. Dossier déjà complexe, rendu plus compliqué par l’appartenance du petit garçon à la communauté Amish... Enfant en danger encore dans « Le client » de Joel Schumacher, sorti en 1994 où le témoin âgé de 11 ans seulement recueille, juste avant son suicide, les révélations explosives d’un procureur lié à la mafia... Tommy Lee Jones et Susan Sarandon vont essayer de le protéger du pire... 

Tiens, autre cas de figure : le témoin en question ne peut pas bouger et se retrouve contraint d’assister à une scène de crime sans pouvoir intervenir... C’est ce qui arrive à James Stewart dans « Fenêtre sur cour » d’Alfred Hitchcock en 1955 quand, cloué dans un fauteuil à cause d’une jambe cassée, il va épier ses voisins d’immeuble à la longue vue, croyant surprendre un crime dans le bâtiment d’en face....