MO' BETTER BLUES

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La musique dit on adoucit les mœurs… Mais si vous suivez attentivement le film de Spike Lee qui va suivre, vous allez rapidement vous rendre compte qu’elle peut aussi rendre la vie beaucoup moins souple, voire rugueuse… 

« Mo’ better blues » se déroule de la fin des années 60 aux portes des années 90 et il suit la partition de Bleek Gilliam, virtuose précoce de la trompette qui va devenir le leader d’un quintet réputé. Le souci, c’est que Bleek ne vit que pour son art, délaissant celles qui l’entourent comme Indigo et Clarrke, ses deux groupies passionnées et celui qui se démène pour décrocher les meilleurs contrats, le fidèle imprésario Giant. Mais à trop vivre dans sa bulle, on prend le risque de voir éclater son existence et Bleek va en faire la cruelle expérience… 

 Denzel Washington impose son charme et sa classe dans ce film aux tonalités nostalgiques, dans lequel on croise également la silhouette de Spike Lee lui-même, de Wesley Snipes ou encore de John Turturo, fidèles partenaires à l’écran du bouillonnant réalisateur américain…

 
Dans le même genre vous pouvez trouver NEW YORK, NEW YORK (Parce que Martin Scorsese retranscrit à merveille l’atmosphère enfiévrée des boîtes à jazz, avec De Niro au saxophone et les chansons de la grande Liza Minnelli.) ou encore BIRD (Clint Eastwood est aussi un passionné de musique. Après avoir rendu hommage au blues dans "Honkytonk Man", il signe ce magnifique biopic du trompettiste Charlie Parker, alias "Yardbird".).

« Mo’ better blues » est un film important dans le prolifique parcours de Spike Lee à l’écran. D’abord, il s’agit de sa première collaboration avec Denzel Washington. Après ce galop d’essai, le comédien et son réalisateur se retrouveront en 1992 pour « Malcom X », évocation militante de la vie du leader de la Nation Of Islam, mort assassiné en 1965, rival et opposé idéologique de Martin Luther King, tombé lui aussi sous les balles d’un tueur… Le tandem Lee-Washington refait affaire commune en 98 pour « He got game » et en 2006 dans « Inside man »… Alors vous l’avez vu et surtout entendu, le film fait la part belle à la musique jazz : certains morceaux de la bande originale sont signés de Bill Lee, le père de Spike ou du saxophoniste Branford Marsalis… Qu’elles soient rap, soul, hip hop ou funk, les mélodies ont toujours fait partie intégrantes du cinéma de Spike Lee, influence paternelle oblige mais pas seulement. 

Attention, il ne s’est pas encore à ce jour consacré totalement à la musique, (même si l’un de ses projets est de réaliser une comédie musicale sur les inventeurs du Viagra et je n’invente rien !)… En revanche, les bandes originales de ses longs-métrages ont souvent été confiées à des artistes émérites. Ainsi, en 1991, c’est Stevie Wonder qui signe les compositions de « Jungle fever », un de ses plus grands succès qui aborde le thème de l’amour interracial compliqué sinon impossible entre Noirs et Italiens de Harlem… En  96 c’est Prince qui se charge des titres de « Girl 6 » dans lequel une apprentie comédienne se voit contrainte de survivre en travaillant comme hôtesse de téléphone rose… 

Signalons aussi que Spike Lee a réalisé deux passionnants documentaire sur la genèse d’un des albums emblématiques de Michael Jackson : « Bad 25 » en 2012 et qu’il s’est aussi intéressé au clip en mettant en scène notamment ceux de Jackson, (« They don’t care about us » et « This is it »), de Prince, (« Money don’t matter tonight »), Eminem, (« Headlights ») ou Public Enemy, (« Fight the power »). 

« A Spike Lee Joint ». Voilà ce qu’on peut lire à chaque début de film de Spike Lee, et ça annonce effectivement la couleur ! L’auteur de l’explosif Do the Right Thing (1989), du tendu Malcolm X (1992) et du très chaud Girl 6 (1996) s’aventure avec Mo Better Blues ...

Ce film fait partie de la meilleure période du cinéaste américain. Le récit nous embarque avec plaisir au sein d'un groupe de musique et d'une boîte de nuit, on suit en particulier un personnage Bleek (D. Washington) mais on ne délaisse pas pour autant les nombreux ...

Une belle surprise que ce Mo' Better Blues ! En attendant de découvrir son petit dernier Da 5 Bloods, je m’attelle sagement à combler mes lacunes dans la filmo de Spike Lee. Je n’avais, en le lançant, aucune idée de ce dont pouvait bien parler ce Mo' Better Blues – si ...