LOST COUNTRY

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14 ans après son premier long métrage, Ordinary People en 2009, le cinéaste serbe Vladimir Perišić a réalisé son second film : Lost Country. Un drame situé en plein dans la révolution étudiante contre Slobodan Milošević au milieu des années 1990 en Serbie, mettant en scène le jeune Jovan Ginic, récompensé du prix d’interprétation lors de la 62e Semaine de la Critique. 

On y suit Stefan, 15 ans, un jeune homme qui vit seul avec sa mère à laquelle il est particulièrement attaché. Cette dernière, une apparatchik du système Milošević exerce un contrôle sur son fils. Mais la révolution gronde et Stefan s’apprête à faire la sienne.  

C’est une oeuvre très personnelle que propose ici Vladimir Perišić puisque sa propre mère avait elle-même participé à la politique du président de Serbie de 1989 à 1997, en tant que membre du ministère de la Culture. Il avait déjà plus ou moins touché à ce sujet avec son premier court métrage Dremano Oko, réalisé en 2003 alors qu’il était étudiant à la Fémis.

 
Dans le même genre vous pouvez trouver UNDERGROUND D'EMIR KUSTURICA (La Serbie, un monde en pleine bouleversement. 1941-1996, deux années différentes, un même pays qui bouge.) ou encore NO DE PABLO LARRAIN (Deux pays, deux dictateurs. A l'instar de Vladimir Perisic, Pablo Larrain filme les derniers temps d'un dictateur du point de vue du peuple.).

Le cinéma de Vladimir Perišić est particulièrement inspiré de la relation qu’il entretient avec son pays d’origine. Cet ancien étudiant de la Fémis a d’abord réalisé en 2003, comme film de fin d’étude, Dremano Oko, un court métrage sur une relation conflictuelle entre un père et son fils dans une Serbie au porte de la révolution. Un pitch qu’il reprend, 20 ans plus tard, presque tel quel et qu’il développe pour faire Lost Country, se confrontant cette fois-ci au réel traumatisme de sa jeunesse : sa mère membre du gouvernement de Slobodan Milošević. Entre temps, le cinéaste serbe avait réalisé en 2009, Ordinary People, un film comme un cri du coeur qui abordait alors les crimes de guerre commis dans son pays et pour lesquels des personnalités comme Radovan Karadžić (ex-président de la République Serbe de Bosnie, condamné pour crimes contre l’humanité) et Ratko Mladić (chef de l’armée de la République Serbe de Bosnie, condamné pour crimes contre l’humanité) se sont rendus coupables. 

Cette fois, avec ce second long métrage, le réalisateur raconte la petite histoire dans la grande. La petite histoire d’un jeune homme de 15 ans qui apprend à se séparer physiquement et psychologiquement d’une mère dont il refuse l’amour et les idées lorsqu’il comprend qu’elle est la porte parole d’un Slobodan Milošević accusé des pires crimes par la révolution qui gronde. Un jeune homme obligé de mener son propre bouleversement tragique pour trouver sa place dans une société qui lui demande de choisir. En plus de sa propre histoire, c’est de celle de la fille de Mladić, qui s’était donné la mort en 1994 : « Comme si elle avait pressenti ce qui allait se passer » précise-t-il en interview. Pour incarner ce duo émouvant et fort que l’on voit à l’écran, le réalisateur a fait appel à Jasna Durićić, vu dans La Voix d’aida de Jasmila Žbanić et au jeune Jovan Ginic, un garçon trouvé dans un club de water polo et dont Lost Country est le premier long métrage. 

De son premier long-métrage, Ordinary People, Vladimir Perišić dit qu'il était "un cri de rage", alors que son second, Lost Country, ressemble plutôt à une "lettre d'amour." Elle est destinée à un pays qui n'existait presque plus, en 1996, ...

Un beau film qui met en scène un double déchirement : celui d’un pays tiraillé entre patriotes et révolutionnaires et celui d’une famille où mère et fils, si fusionnels soient-ils verront leur relation mise à rude épreuve. Cette relation pleine de tendresse est superbement ...