LES CHATOUILLES

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Comment se relève-t-on de violences sexuelles subies durant l’enfance ? Voilà une question à laquelle jamais personne ne devrait avoir à répondre, mais qui a pourtant conduit Andréa Bescond et Eric Métayer à le faire, le temps d’un film qui nous remue, nous fait réfléchir et nous bouleverse.

Andréa Bescond est danseuse et cette histoire la sienne. Nulle autre n’aurait pu rendre avec autant d’intensité cette colère, cette blessure, qui vivent en elle depuis l’enfance, après avoir été agressée sexuellement pendant des années par un ami de ses parents qui au départ ne lui proposait que de “jouer à la poupée”, prétexte à ces “chatouilles” qu’évoque le titre. Face à des parents aveugles et en plein déni - Karin Viard et Clovis Cornillac, nommés à juste titre aux César du meilleur acteur secondaire - la petite Odette fuira sa réalité et se réfugiera dans de multiples addictions.

Alors qu’il serait devenu insupportable de recourir à un récit direct pour révéler certains détails scabreux, c’est à travers des solos de danse particulièrement évocateurs, que la réalisatrice nous touche au coeur. Les Chatouilles ou la danse de la colère, fut d’abord un spectacle seule-en-scène créé par Andrea Bescond au Festival d’Avignon off. Et c’est tout naturellement qu’elle se voyait récompensée à la suite par un Molière.

 
Dans le même genre vous pouvez trouver JALOUSE DE DAVID ET STÉPHANE FOENKINOS (Karin Viard y tenait déjà un rôle de mère ambivalente dans son rapport à ses enfants.) ou encore TRUST (2010) DE DAVID SCHWIMMER (L'histoire d'une famille démunie lorsque leur fille devient la proie d'un prédateur sexuel.).

En 2019, Les Chatouilles a concouru pour le César de la meilleure adaptation. Et c’est vrai que ce travail est en tout point remarquable. Le film relate autant le mal fait à l’innocente Odette, que la manière dont sa famille éclate, faute d’avoir voulu assumer sa part de responsabilité. Très intéressante aussi, la manière dont le récit se joue de la temporalité et contourne la notion de flash-back. Ce voyage dans le temps que réalise le personnage principal entre son enfance et l’âge adulte, a lieu durant ses consultations chez le psy et confère au film sa légèreté nécessaire et sa fluidité.

Consciente de ce que la pédophilie représente, Andréa Bescond avait entrepris dès 2013 d’écrire la pièce qui dénoncerait ce fléau, et ce, avec la complicité artistique d’Eric Metayer. Après avoir joué le spectacle plus de 400 fois et fort des témoignages incalculables de la part de spectateurs, victimes eux aussi, l’idée d’aller plus loin à travers un long métrage s’imposait. Et si possible, avec Karin Viard dans le rôle de la mère, rêvait tout haut Andréa Bescond ! A la suite, c’est la rencontre avec des producteurs motivés par les premiers films - François Kraus et Denis Pineau-Valencienne - qui s’avérait déterminante et mettait le projet sur les rails.    

Andréa Bescond et Eric Metayer, aujourd’hui mari et femme à la ville, parents de deux enfants, s’étaient rencontrés en 2008 au théâtre, durant la création des Aventures de Rabbi Jacob, mis en scène par Patrick Timsit. Eric tenait le premier rôle, tandis qu’Andrea était l’un des trente danseurs de la troupe. L’année suivante, il la mettait en scène dans Les 39 marches d’après Alfred Hitchcock et voyait son épouse nommée pour le Molière de la révélation féminine. Un parcours hors du commun.

Les Chatouilles n'est pas une histoire de viol. Ce n'est pas une histoire d'enfant traumatisée, de victime qui ne s'en remet pas. Au contraire. C'est une histoire de vie au-delà du viol, de la difficulté à l'accepter, de la vie qui continue malgré ce souvenir qui ne devrait ...

Je n’avais pas envie de voir « Les chatouilles ». Le titre me plaisait, le synopsis un peu moins. Qui a envie de légèreté se détourne de ce genre de sujets... La pédocriminalité, donc. Et puis je me suis dit « Pourquoi pas », c’est le Festival ...

Dès la première scène (après l'introduction dansée), ce film me donne la rage... Cyrille Mairesse, qui joue le rôle d'Odette enfant, est solaire d'innocence. Pierre Deladonchamps, lui, est plus que crédible et prend une place de choix dans le Panthéon des salopards qu'on ...