EN GUERRE

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Des salariés qui acceptent de lourds sacrifices financiers à la demande de leur direction pour la pérennité de l’entreprise et dans le même temps des bénéfices record pour cette société. C’est cette situation économique et sociale devenue presque banale dans notre pays en 2018 et ailleurs que le cinéaste Stéphane Brizé choisit comme point de départ pour son film En guerre présenté au Festival de Cannes. Avec Vincent Lindon dans le  rôle principal, celui du porte-parole de ces ouvriers maltraités et qui refusent de baisser les bras.

Le film de Stéphane Brizé fait, comme on le verra, de multiples références au traitement par les médias de ce type de conflits sociaux qui engendrent des formes de violence. Avec Olivier Gorce, son coscénariste, le cinéaste démonte ainsi les mécanismes médiatiques de ces images en boucle de manifestations qui dégénèrent. Comme si l’arbre télévisuel et ses impératifs d’information en continu cachaient l’arbre d’une forêt, dans le cas présent le sort des 1100 salariés de l’entreprise inventée de toutes pièces pour les besoins du scénario.

« Après trois films où je mettais en scène Vincent Lindon dans des rôles de taiseux, il fallait nécessairement faire évoluer notre travail et changer radicalement la nature du parcours et du personnage ». Ainsi s’exprimait Stéphane Brizé lors de la sortie du film. Ainsi est né Laurent Amédéo le personnage incarné par Vincent Lindon, soit un homme qui ne cesse de parler haut et fort, mu par une colère permanente et que rien ni personne ne semble pouvoir arrêter.

 
Dans le même genre vous pouvez trouver NOS BATAILLES (Avec Romain Duris dans un rôle proche de celui de Vincent Lindon chez Stéphane Brizé, Guillaume Senez fait le portrait d'un ouvrier confronté à la violence sociale) ou encore RESSOURCES HUMAINES (Laurent Cantet s'intéresse également aux relation sociales au sein d'une entreprise).

Comme dans son film réalisé en 2015, La Loi du marché, aux préoccupations sociales identiques, Stéphane Brizé entoure son acteur professionnel principal en la personne de Vincent Lindon par des acteurs non-professionnels incarnant à l’écran leur propre rôle. D’où un casting énorme, selon l’expression même du cinéaste, avec des centaines et des centaines de personnes rencontrées à Paris et dans le Lot-et-Garonne, le département où a été tourné le film.

Pour autant ce recours massif à des non-professionnels n’implique pas pour le cinéaste un recours à l’improvisation à laquelle on pourrait s’attendre. Chaque protagoniste reçoit au contraire un texte qu’il doit apprendre comme sur un plateau de tournage ordinaire. Et Stéphane Brizé de préciser l’objectif de cette méthode : « A un moment, une histoire, c’est un texte et des dialogues stucturés. La seule chose qui m’intéresse, c’est que le résultat ait l’air naturel et nous donne le sentiment que tout a été inventé au moment où cela a été s’est fait. »

Tout autant que de l’improvisation, Stéphane Brizé s’écarte de la tentation documentaire que son sujet pourrait pourtant légitimer. Il explique ainsi que la fiction lui permet d’être à des endroits où il lui serait impossible d’accéder dans un documentaire. A l’instar de cette réunion avec un conseiller du Président de la République. Il s’agit pour la fiction, dit-il, de passer une sorte d’ accord avec le réel pour ne pas le travestir.

En Guerre n’est pas un film. C’est sa force, et sa problématique. C’est sa réussite, et l’inconfort du spectateur. En Guerre n’est pas un film, c’est une immersion. C’est le réel. C’est une œuvre dérangeante, particulièrement lorsqu’on la regarde à Cannes, ...

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