LES BARBARES

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Dans le milieu du septième art, Julie Delpy est un ovni. Tout à la fois égérie du cinéma indépendant américain (on l’a vue notamment dans la saga des Before de Richard Linklater), réalisatrice et scénariste entre les États-Unis et la France, second rôle de blockbusters ou star de toutes petites productions, la franco-américaine se glisse tel un caméléon dans toutes les situations. Il est une chose, néanmoins, qui l’accompagne dans chacun de ses projets : un humour grinçant, marqué notamment par une grande capacité d’auto-dérision. Elle en faisait déjà preuve dans sa série On the Verge, dans laquelle elle incarnait une quadragénaire en crise. Son film Les Barbares en est un nouvel exemple.

Car Julie Delpy ne se contente pas de signer le scénario et la réalisation de cette comédie autour d’un petit village breton qui, après avoir voté pour l’accueil de réfugiés ukrainiens, se retrouve finalement à devoir intégrer une famille syrienne. Elle est aussi, devant la caméra, une professeure des écoles dont les convictions progressistes et l’ouverture d’esprit sont mises à mal par le principe de réalité. C’est précisément là que se niche l’intérêt des Barbares : dans l’art de marcher sur le fil du politiquement correct, en n’épargnant personne mais sans émettre non plus de jugement moral à l’emporte-pièces.

Cette comédie se présente donc comme une étude de caractères, Julie Delpy faisant de son village la scène d’un petit théâtre féroce. Il y a le plombier raciste et sa femme soumise, le maire sympathique mais qui manque de poigne, l’épicier infidèle ou encore le maraîcher bourru et quelque peu alcoolique… Toutes ces figures prennent vie grâce à des dialogues ciselés mais aussi un casting impeccable, auquel la réalisatrice a réussi à insuffler la vigueur d’une troupe. Laurent Lafitte excelle en personnage odieusement intolérant, India Hair surprend en mère de famille effacée, et Jean-Charles Clichet prouve sous l’écharpe de maire qu’il est l’un des seconds rôles les plus sous-estimés du cinéma français.

Tout ce beau monde se rejoint autour d’un humour corrosif et d’un état des lieux du vivre-ensemble à la française plus nuancé qu’il y paraît. Car Julie Delpy, sous les airs légers de son film, parvient à capter le grand paradoxe de la société actuelle : son rejet de l’altérité, qui relève finalement surtout de la posture intellectuelle, et la réalité de la vie quotidienne des petits villages, faite surtout d’entraide, de débrouille et, bien sûr, d’un peu de crêpage de chignon.

Il était une fois Paimpont, petit village breton, modeste, mais fier. A la quasi-unanimité, ses habitants ont accepté d’accueillir des réfugiés ukrainiens. Mais en lieu et place, ce sont des Syriens qui leur arrivent.Il y aurait ainsi plusieurs degrés d’acceptabilité ...

Les autres films de Julie Delpy que j'ai eu l'occasion de voir, 2 Days in Paris, Le Skylab et Lolo, étaient touchants, mais brouillons. Disons le d'emblée, avec Les Barbares la réalisatrice se place clairement plusieurs crans au dessus. Mettons à son crédit également ...

Dans le petit village breton de Paimpont tout le monde se connaît. Joëlle (Julie Delpy) l'institutrice humaniste, Anne (Sandrine Kiberlain) sa meilleure amie propriétaire alcoolique de la supérette, son mari infidèle (Mathieu Demy (que j'aimerais voir dans plus de ...