LA DÉRIVE DES CONTINENTS

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La question de l’Europe, comme celle des frontières interpelle le cinéaste suisse Lionel Baier depuis des années. « S’il y a bien une chose à laquelle je crois -affirme-t-il- c’est la construction européenne. A mes yeux, c’est le seul rempart contre la barbarie et le nationalisme, que j’exècre ».

Après Comme des voleurs (à l’est) qui prenait la route de la Pologne, Les Grandes Ondes (à l’ouest) qui voyageait au Portugal, sa Dérive des continents (au sud) se déroule en Sicile. Cette fois, le réalisateur aborde la question migratoire à travers la préparation d’une visite officielle au sommet dans un camp d’exilés à Catane.

Son scénario dépeint en parallèle la relation explosive entre une mère, en mission pour l’Union européenne, jouée par Isabelle Carré, et son fils, militant d’une ONG, interprété par le Canadien Théodore Pellerin. Face à la gravité des thématiques abordées par son film Lionel Baier ne perd pas pour autant son sens de l’humour. Ainsi, le temps d’une visite nocturne de Catane, Isabelle Carré s’improvise guide touristique pour des vacanciers chinois. « La comédie étant la forme de politesse du cinéma, déclare Baier, je me suis dit qu’il valait mieux essayer d’être drôle plutôt que désespéré ».

 
Dans le même genre vous pouvez trouver BIENVENUS ! (Quand un hôtelier norvégien profite de l'arrivée de réfugiés pour remplir son établissement) ou encore TERRAFERMA (L'arrivée d'immigrés clandestins dans un village de pêcheurs siciliens).

Avant de lire le scénario, Isabelle Carré connaissait déjà de près la condition des migrants pour avoir travaillé dans la «  jungle de Calais » quand elle jouait dans Maman est folle de Jean-Pierre Ameris. Elle a trouvé d’autant plus intéressante la manière dont le réalisateur Lionel Baier aborde cette problématique. Sensible à son humour grinçant et absurde, elle a apprécié son talent à mêler des registres différents. Elle garde aussi un souvenir enchanteur du début du tournage : « À notre arrivée à Catane, il a trouvé un vieux cinéma où le toit s'ouvrait et il a montré à toute l'équipe Voyage en Italie de Roberto Rossellini et c'était très beau de commencer le film comme ça, par un chef d’œuvre. »

Lionel Baier explique d’ailleurs que s’il a choisi de situer son scénario en Sicile, c’est pour s’inscrire dans une certaine tradition cinématographique, retrouver le ton des comédies italiennes. « Ces films très populaires des années 60 et 70, rappelle-t-il,  comme ceux de Dino Risi étaient en fait très politiques, comme l’étaient d’ailleurs aussi en France les films avec Pierre Richard, avec des personnages anti-système, des rêveurs, des partisans du retour à l’écologie, des Gaston Lagaffe, des précurseurs de beaucoup de choses. »

Concernant la gestion de la crise migratoire, le cinéaste a voulu en montrer tous les aspects sans concession. « Je voulais que le film montre les deux faces et parfois, quand le fils et la mère se disputent, je suis d’accord avec les deux : avec lui quand il dit « vous êtes des incapables juste là pour compter les morts » et avec elle quand elle rétorque « si on n’est plus là, ce sont les fascistes qui débarquent ». Et pour recentrer le débat et rappeler la réalité et le vécu des migrants, Baier a demandé à Elisabeth Owona d’interpréter la jeune réfugiée qui prend la parole vers la fin. Cette Camerounaise a elle-même traversé la mer en canot pneumatique et connu les camps en Italie. Lors du casting, elle a exposé une série de revendications. Soit elle pouvait en faire part dans le film, soit elle ne jouait pas. Sa détermination l’a emporté.

‘La Dérive des continents (au sud)’ est une satire féroce et vraiment drôle des institutions européennes. Les comédies actuelles étant souvent tièdes ou consensuelles, celle-ci détonne. On pardonnera donc au film sa fin un peu facile, gentille.En Sicile, en 2020, dans ...

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Après Comme des voleurs (à l'Est) et Les grandes ondes (à l'Ouest) , Lionel Baier poursuit son tour d'Europe en allant cette fois au Sud. Si les grandes ondes était un film assez joyeux sur le fond, ode à la liberté (même si la conclusion incitait à rester vigilants et ...