LE TIGRE ET LE PRÉSIDENT

en VOD

On entend et on voit souvent des images de débat au sein de l’Assemblée Nationale. Invectives, noms d’oiseaux, tapage voire insultes : « tout ça n’est pas très sérieux » nous dit-on... Eh bien figurez-vous que c’était déjà le cas il y a cent ans ! Alors certes, le style de ces échanges était plus glorieux mais leur violence était la même... Vous allez le constater en regardant le film de Jean-Marc Peyrefitte, qui revient sur l’affrontement (jamais), à fleuret moucheté entre Georges Clémenceau et Paul Deschanel en 1920. En jeu : rien moins que la Présidence de la République.

Le Tigre, (Clemenceau), héros de la guerre 14/18 pense la partie gagnée mais il va se faire doubler par un outsider, Deschanel. Ce dernier pourtant ne restera que huit mois à l’Elysée, victime de dépression et de troubles du sommeil qui le conduiront à tomber d’un train en pleine nuit, se retrouvant en pyjama en rase campagne !

André Dussollier et Jacques Gamblin (re)donnent vie à ces deux figures politiques dans une comédie cruelle aux dialogues ciselés comme des poignards...

 
Dans le même genre vous pouvez trouver LE BON PLAISIR (Le Palais de l'Elysée peut se révéler un théâtre d'ombre et de manipulations...) ou encore LE PRESIDENT (Les coulisses des grands discours politiques sont toujours savoureux et passionnants : en voici deux exemples majeurs...).

Le plus haut personnage de l’Etat est depuis toujours l’objet de fascination et de détestation. Les femmes et les hommes qui s’engagent dans la course à l’Elysée ont autant le goût du pouvoir que celui du masochisme car, une fois l’élection suprême remportée, c’est souvent un long chemin de croix qui débute... « Le tigre et le Président » vient de vous en apporter une preuve éclatante, sachant qu’une grande partie de ce qui y est relaté s’est vraiment déroulé dans les salons feutrés ou les couloirs de la République ! Pour le cinéma, ce sont des situations et des personnages rêvés et, bien avant le film de Jean-Marc Peyrefitte, d’autres s’y sont intéressés.

En 1961, Jean Gabin incarne par exemple « Le président » dans le film d’Henri Verneuil, délicieusement dialogué par Michel Audiard d’après Georges Simenon. Il y joue un ancien Président du Conseil (équivalent de notre actuel Premier Ministre) plongé dans ses souvenirs par l’irruption sur la scène politique d’un de ses anciens collaborateurs qui, à l’époque, ne l’avait guère ménagé... A retenir, une séquence de douze minutes où Gabin prononce un discours d’anthologie, visionnaire avec le recul, sur l’argent et la finance. En 1983, c’est Jean-Louis Trintignant qui prend les traits du Chef de l’Etat dans « Le bon plaisir » de Francis Girod, avec aussi Catherine Deneuve, d’après le roman de Françoise Giroud. On peut reconnaitre l’ombre de François Mitterrand dans ce Président lançant se services à la recherche d’une lettre volée avec le sac qui la contenait, lettre révélant la naissance d’un enfant illégitime...

Mitterrand, clairement incarné par Michel Bouquet en 2004 dans « Le promeneur du Champ-de-Mars » de Robert Guédiguian en 2005, portrait mélancolique d’un vieil homme malade durant ses ultimes jour au Palais puis dans ses derniers jours... Enfin au rayon comédie, je vous recommande « Présidents » d’Anne Fontaine sorti en 2021 dans lequel Jean Dujardin et Grégory Gadebois se glissent dans les costumes de Nicolas Sarkozy et François Hollande, imaginant que les deux ennemis rivaux s’allient pour reconquérir le pouvoir !

Bonne comédie historique mais dommage que le réalisateur et son scénariste ont menti sur la position de Paul Deschanel sur le traité de Versailles et l'Allemagne. À la fin du conflit, à la différence de Clemenceau, il appelle à la poursuite des combats jusqu’en Allemagne, ...

Plus qu’un biopic, c’est une comédie poétique qui convoque deux figures, l’une connue, l’autre pas. Paul Deschanel, grand oublié de l’histoire de la IIIe République hormis pour une malheureuse chute en pyjama d’un train qui a causé sa mort, confronte bien que trop ...

Le scénario reprend la ligne directrice des événements de l'époque, le réalisateur-scénariste se servant d'un paramètre essentiel, celui qui suit l'avis et la thèse du psychiatre Gérard Milleret qui soutient que ce médicament aurait été une cause non négligeable ...