LE PLEIN DE SUPER

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Et si nous partions en voiture pour une virée qui nous mènerait de Lille à Cannes ? Attention, il ne s’agit pas de n’importe quelle voiture mais d’une magnifique Chevrolet, celle que Klouk doit livrer sur la Côte d’Azur. Pour ne pas faire la route seul, Klouk va demander à son copain Philippe de l’accompagner.

Le duo se transformera en trio quand Charles à son tour montera à bord puis en quatuor avec l’arrivée de Daniel sur la banquette du véhicule… Vous vous en doutez : la route sera longue et sinueuse ! « Le plein de super » est un des films méconnus d’Alain Cavalier, cinéaste qui en rentre dans aucune des cases préétablies du cinéma français !

Fantasque, poétique, engagé et vibrant, ses films sont toujours surprenants et celui-ci ne déroge pas à la règle. On y découvre des acteurs alors débutants comme Patrick Bouchitey, Etienne Chicot ou Nathalie Baye. Entre la farce grivoise et le récit contestataire, ce film à (re)découvrir possède le charme insolent des œuvres de jeunesse…

 
Dans le même genre vous pouvez trouver LE CORNIAUD (Un trajet en voiture peut réserver de multiples surprises : que l'on transporte des produits illicites ou des individus incontrôlables...) ou encore LITTLE MISS SUNSHINE (Traverser un pays dans un véhicule à plusieurs permet parfois (enfin) de mieux faire connaissance avec les autres et soi-même..).

Le principe du road-movie est connu : prenez un groupe de héros, (du simple duo à la bande multiple), et jetez-le sur des routes plus ou moins dangereuses… A l’arrivée, si toutes et tous s’en sortent indemnes, elles et ils en seront quoiqu’il advienne transformés… C’est exactement ce qu’il advient aux personnages du « Plein de super » d’Alain Cavalier que vous venez de regarder. Le tournage lui-même fut assez mouvementé puisque l’équipe, (plutôt réduite vous en en doutez), s’est entassée durant 6000 kilomètres à l’intérieur de la Chevrolet, le caméraman et le preneur de son essayant de ne pas apparaître à l’écran, Alain Cavalier étant quant à lui recroquevillé dans le coffre pour donner ses instructions !

Voilà bien un cinéaste qui d’ailleurs a toujours fui le moindre confort que pouvait lui offrir sa position au cœur du 7e art tricolore. Primé à Cannes en 1987 et 6 fois césarisé l’année suivante pour « Thérèse », son évocation épurée et radicale de la vie de Sainte Thérèse de Lisieux, Cavalier n’a jamais cherché à capitaliser sur ce succès critique et public. Ni après, ni avant !  Ses débuts derrière la caméra, malgré des acteurs prestigieux comme Romy Schneider, Alain Delon ou Jean-Louis Trintignant ont été marqués par l’échec cinglant de ses films « L’insoumis » ou « Le combat dans l’île » évoquant la guerre d’Algérie. Avec « Mise à sac » et surtout « La chamade », adapté du roman de Françoise Sagan, Alain Cavalier réussit à toucher les spectateurs à la fin de années 60 mais un terrible drame personnel l’éloigne des plateaux.

« Le plein de super » marque son retour discret sur les écrans en 76. Suivront « Martin et Léa », « Un étrange voyage » ou donc « Thérèse » mais là encore, il choisit de tourner le dos à la facilité en s’engageant dans une oeuvre allant toujours plus à l’essentiel comme « Libera me », tourné sans dialogue en 93. Cavalier travaille désormais seul et en vidéo : « Vies », « René », « Irène », « Pater », « Le paradis » ou « Etre vivant et le savoir » font partie de ces expériences de cinéma dont il ne faut surtout pas se priver !

Un film inégal et visuellement assez moche, mais qui mérite vraiment le coup d'œil en raison de son originalité et de son authenticité. Après 4 films dans le circuit traditionnel, le réalisateur Alain Cavalier entame sa mue et ses diverses expérimentations avec "Le plein ...

"Klouk" travaille chez un concessionnaire dans le Nord de la France. Il essaie de conclure une vente lorsque son patron lui ordonne de conduire un véhicule à l'autre bout de la France afin de satisfaire un client important. Le salarié peste car il devait accompagner sa femme ...

Film masculin au possible, proche de la grossièreté souvent et pourtant porté par la grâce du jeu... Cavalier réussit un pari unique, celui d'une collaboration étroite avec ses acteurs qui, si mes souvenirs sont bons, sont devenus de quasi auteurs sur ce film et un pari ...