LE PETIT CRIMINEL

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Cinéaste de la fracture intime, Jacques Doillon s’est concentré sur deux thèmes : la relation amoureuse et l’enfance ou l’adolescence, l’un se fondant, éventuellement, dans l’autre. Le Petit criminel, réalisé en 1990, entre deux drames sentimentaux, La vengeance d’une femme et Amoureuse, est de la deuxième veine. S’il a écrit beaucoup de ses films avec Jean-François Goyet, Doillon travaille seul à ce Petit criminel, histoire d’une journée de cavale d’un frère, d’une sœur et d’un flic, entre Sète et Montpellier.

Il ancre son personnage dans un contexte social, celui des banlieues et de la cité qu’il traitera plus frontalement, neuf ans plus tard, dans Petits frères. Mais ce qui l’intéresse, c’est la façon dont son petit criminel, en perte de repères et en quête de famille, tente de trouver son identité dans un monde qu’il ne comprend pas et qui ne le comprend pas. Il est fragile et obéit à ses impulsions, ce Marc qui braque maladroitement la caisse d’une parfumerie et s’en va en disant au-revoir et merci. Ce qui l’intéresse aussi, c’est l’improbable cellule familiale qui se crée en cette journée unique entre Marc, Nathalie, sa sœur aînée dont il ne connaissait pas, jusqu’alors, l’existence et Gérard, le jeune flic embarqué dans l’aventure.

Marc, le petit criminel, c’est Gérald Thomassin, 17 ans à l’époque et complet débutant, qui, pour son interprétation, reçut le César de l’espoir masculin. Le film, lui, obtint le prix Louis-Delluc (ex-aequo avec Le Mari de la coiffeuse, de Patrice Leconte).

 
Dans le même genre vous pouvez trouver L'ENFANCE NUE ou encore PETITS FRÈRES .

Le Petit criminel est de ces films sur l’enfance en déroute qui font date. Comme L’Enfance nue, de Maurice Pialat (1968). Comme, bien sûr, Les 400 coups, de François Truffaut. D’ailleurs, comme dans Les 400 coups, il est question d’une rédaction mal comprise et dénigrée par un professeur. En 1959, Antoine Doinel pastichait Balzac sans le vouloir. En 1990, Marc fait, pour une fois, un bon devoir - jugé bien trop bon pour être de lui. De quoi être « dégoûté par les profs », comme il le dit.

Jacques Doillon, comme il le fait souvent, a fait appel, pour l’essentiel, à des acteurs non professionnels ou débutants. Gérard, le flic, c’est Richard Anconina, seul « pro » de la distribution. Nathalie, la sœur de Marc, c’est Clotilde Courau, 21 ans et, derrière elle, quelques expériences théâtrales et un peu de télévision. Gérald Thomassin, lui, s’était présenté au casting sans trop savoir où il allait. Le César du meilleur espoir masculin, qu’il reçoit pour Le Petit criminel, ne l’engage pas immédiatement dans la voie du « métier ». Il préfère s’inscrire dans un lycée professionnel. Devenir acteur, il le décide plus tard, en 1994. On le verra alors dans Clubbed to death de Yolande Zauberman, Louise (Take 2) de Siegfried ou Jacquou le croquant, de Laurent Boutonnat. Mais c’est en retrouvant Jacques Doillon qui, dix-sept ans après Le Petit criminel l’engage pour Le Premier venu (2008), qu’il éclate de nouveau à l’écran.

La musique du film, ballade mélancolique aux accents jazzy, est signée Philippe Sarde. Elle est interprétée par trois jazzmen de poids : Lee Konitz est au sax-alto, Lester Bowie à la trompette et Chris Laurence à la contrebasse.

Comme toujours chez Doillon, l'émotion est à fleur de peau et il faut saluer son talent pour savoir tourner avec de jeunes comédiens, en l’occurrence ici il a fait débuter Clotilde Courau, le plus souvent non-professionnels. Gérald Thomassin fait partie de ceux-là et bien ...

Agréablement surpris par ce film car à priori je n'en attendais pas grand chose. Mais dès la scène d'ouverture, ça m'a agrippé avec une mise en scène au cordeau et des personnages complexe. Par la suite, je ne pensais pas assister à ce type de récit, une sorte de road-movie ...

Avec ce "Petit Criminel", Jacques Doillon (pas notre metteur en scène préféré, avouons-le) frappe plus juste qu'à son habitude, sans pour autant sacrifier les riches circonvolutions psychologiques dont il aime à parer ses récits : c'est sans doute que la tension propre au ...