LA NUIT DE TOUS LES MYSTÈRES

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A 45 ans, le prolifique William Castle a déjà tourné une quarantaine de films lorsque sort sur les écrans américains la Nuit de tous les mystères. Non seulement prolifique, William Castle est aussi un drôle de personnage. Né à New York en 1914, William Schloss décide d’américaniser son germanique patronyme. « Schloss » signifiant « château » en allemand, il se fera dorénavant appeler « Castle », « château » en anglais ! Et c’est à 15 ans, sur différentes scènes de Broadway, qu’il entame sa carrière. D’abord comédien, il se fait engager ici et là en racontant qu’il est un neveu – voire le neveu – de Samuel Goldwyn. Acteur talentueux ou – déjà – génie de l’autopromotion, il débarque à Hollywood en 1937 et apparaît dans quelques productions dont The Lady in Question, de Charles Vidor, avec Rita Hayworth et Glenn Ford, le futur trio de Gilda.
A 29 ans, le comédien devient ce réalisateur prolifique, tournant trois à quatre films par an. Des films policiers, des films d’aventure, des westerns, des films en relief et même un péplum de série Z, Cléopâtre le Serpent du Nil, avec Rhonda Fleming en reine d’Egypte et Raymond Burr – le futur Robert Ironside, alias l’Homme de fer – en Marc-Antoine transi d’amour, et en jupette !
C’est à la fin des années 1950, avec Macabre – la sombre machination d’un médecin voulant détourner la fortune de son beau-père – et avec la Nuit de tous les mystères que Castle trouve son style, où petits budgets et trouvailles publicitaires se conjuguent pour assurer sa notoriété. Ainsi, pour le film que vous allez voir, il imagina un procédé baptisé Emergo – « Plus renversant que la 3D » affirmait la publicité – consistant en une savante installation de fils invisibles faisant planer un squelette, plus vivant que nature, au dessus d’une assistance pétrifiée par l’horreur ou totalement hilare. D’ailleurs, malheureusement, le système n’a pas perduré car des petits malins connaissant le truc, s’amusaient à tirer sur les fils ou à coller leurs chewing-gums sur un tibia ou un fémur passant à portée de main !
Voilà l’unique raison pour laquelle la direction de FilmoTV.fr s’excuse de ne pouvoir vous présenter ce film dans sa version... farces et attrapes !

 
Dans le même genre vous pouvez trouver LA MAISON DU DIABLE (1963) ou encore DIX PETITS INDIENS (1945) .

Après le film que vous venez de voir, William Castle poursuivit sa carrière de cinéaste avec des titres aussi suggestifs que Mr. Sardonicus, la Meurtrière diabolique ou encore le Désosseur de cadavres qu’il tourne juste après la Nuit de tous les mystères et dans lequel il dirige pour la seconde et – donc – dernière fois Vincent Price qui, à 48 ans, est un acteur connu et reconnu depuis son rôle dans l’Homme au masque de cire, la version d’André De Toth, tournée en relief, en 1953.
Le comédien, né en 1911, avait fait ses débuts au théâtre avant d’entamer une discrète carrière au cinéma où on l’avait, entre autres, aperçu en ennemi juré d’Errol Flynn dans la Vie privée d’Elizabeth d’Angleterre de Michael Curtiz.
C’est au milieu des années 1940 que l’on va commencer à faire véritablement attention à lui, lorsqu’il devient l’inquiétant futur mari de Gene Tierney dans Laura, d’Otto Preminger, ou encore l’aristocrate, brutal et sans héritier, du Château du dragon de Mankiewicz. Il sera même le cardinal de Richelieu, face à d’Artagnan/Gene Kelly, dans les Trois Mousquetaires de George Sidney.
Le succès de l’Homme au masque de cire lui ouvre les portes du cinéma fantastique et d’horreur qu’il abordera dans une cinquantaine de productions, jusqu’à la fin des années quatre-vingts. Souvenez-vous : la Mouche noire – dans lequel, exceptionnellement, il incarnait un personnage plutôt sympathique – ainsi que la Chambre des tortures, le Corbeau et le Masque de la mort rouge, trois des huit films qu’il tourna sous la direction de Roger Corman, sans oublier Lâchez les montres, le Cercueil vivant, l’Abominable docteur Phibes ou encore Théâtre de sang.
En 1983, c’est sa superbe voix que l’on entendra dans Thriller, le clip de Michael Jackson, réalisé par John Landis, avant que Tim Burton, en 1990, ne lui confie le rôle de l’inventeur d’Edward, alias Johnny Depp, l’humanoïde d’Edward aux mains d’argent.
Lorsqu’en 2000, Geoffrey Rush reprit son rôle dans la Maison de l'horreur, le remake – beaucoup plus sombre et beaucoup plus sanglant – de la Nuit de tous les mystères il se fit la tête de Vincent Price, avec ces petites moustaches caractéristiques, et, qui plus est, son personnage fut rebaptisé Steven Price. Hommage, hommage !!
Pour revenir à William Castle, sachez qu’en plus de sa production cinématographique personnelle – aussi appréciée du grand public que méprisée par la critique – cet étrange bonhomme – qui se comparait régulièrement au célèbre homme de cirque et de spectacle Phineas Taylor Barnum – participa à la production de quelques films, pour le moins inattendus dans sa filmographie, tels que la Dame de Shanghai d’Orson Welles et, plus récemment, de Rosemary’s Baby, le fameux film de Roman Polanski, dans lequel on l’aperçoit – toujours cabot – passer un coup de téléphone dans une cabine publique ! à propos de ses furtives apparitions à l’écran, on se souviendra qu’au tout début de Zotz !, l’étrange film qu’il tourna en 1962, il incarnait, lui-même, la fameuse statue de la Columbia !!
Enfin, dernière info, comme vous l’avez remarqué, la maison dans laquelle se déroule la Nuit de tous les mystères est particulièrement imposante. Mais, comme vous vous en doutez, la production, si modeste, ne perdit pas un centime dans la construction d’un décor aussi impressionnant. En fait, cet édifice, entre palais et bunker, est l’œuvre du célèbre architecte Frank Lloyd Wright qui construisit cette maison en 1924, à Los Angeles, pour ses riches clients Charles et Mabel Ennis. Son style, très particulier, attire régulièrement des touristes et aussi des cinéastes en quête de décors singuliers, dont Ridley Scott qui y logea Harrison Ford dans Blade Runner.

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